Il y a trois ans, après un gros choc émotionnel, les souvenirs des abus de mon oncle entre mes 4 et 11 ans environ sont remontés,
et j’ai commencé à écrire une sorte de texte, de poème, qui a pris forme petit à petit en même temps que tous les morceaux d’un affreux puzzle s’emboîtaient peu à peu, pour arriver en pleine conscience de l’inceste et des ravages qu’il avait fait silencieusement pendant tellement d’années. Voici ce texte qui résume mieux que tout mon expérience. Bon courage à tous et à toutes.
- C'est mon sang -
C’est mon sang, là-bas qui rôde,
En cette après-midi si chaude,
Il me sourit gentiment,
Mais le monstre attend patiemment,
La nuit, ou l’indifférence,
Pour saccager mon enfance.
Son regard, sourde menace,
Me fait taire sans laisser de trace.
Ils sont tous là autour de moi.
Pourtant, encore une fois,
Je vais obéir et le suivre,
Puis me dissocier pour survivre.
C’est mon sang qui me caresse,
Dans mon lit d’enfant, toute ma détresse.
Il me demande l’inimaginable,
Comme l’ogre de la fable.
Je deviens poupée de chiffon,
Hypnotisée, plus de voix pour dire non.
C’est mon sang qui piétine mes quatre ans,
C’est mon oncle qui viole mes onze ans.
Mon innocence est assassinée,
En plein cœur de l’été.
Ils n’ont rien vu, rien entendu.
Et puis, chut ! La vie continue.
Des années de dégoût de soi,
A me détester, sans savoir pourquoi.
Je donnais le meilleur de moi-même,
Pour mériter que l’on m’aime.
Je vivais dans la peur de tout lâcher,
De ne plus trouver la force d’avancer.
Et puis un jour, sans prévenir
Reviennent les souvenirs.
Comment ai-je pu tout oublier ?
N’ai-je pas tout inventé ?
Les questions se bousculent,
Alors que ma vie bascule.
Frappée par cette terrible évidence.
Après toutes ces années d’errance :
Je suis là victime, toi le bourreau !
Mais tu n’iras pas derrière les barreaux.
Tu es parti avant, peut-être en enfer.
Pourtant je ne suis pas en colère.
J’ai apprivoisé ma tristesse infinie.
Et consolé cette petite fille si jolie.
Il est enfin temps d’aimer la vie.