Il y a des jours où tout fait surface et où je suis sur le tranchant d'une lame... De 5 (ou 4 ou 6... enfin bon) à 14 ans, j'ai été victime de mon cousin. D'attouchements "simples", on est passé par toutes les étapes et même celle des photos et des copains du cousins (une séance psy m'a fait découvrir cet aspect que j'avais totalement occulté). J'en ai parlé très tôt au père d'un ami qui en a profité à son tour. A 5 ans, on nous dit que c'est normal qu'un adulte apprenne à un enfant et on le croit. Plus tard, je savais que c'était mal mais j'ai continué malgré tout à accepter.
J'étais isolée et c'était finalement les seuls à être attentifs. Puis, j'ai confié une bribe de mon lourd secret. Et voilà la période "plainte". Je n'ai pas supporté la procédure et je n'ai avoué que 8 attouchements. Résultat: 2 mois avec sursis, suivi psy et job pour le cousin, obligation de m'excuser de la part de mes parents.
La suite n'est pas mieux: 2 tentatives de suicide, maniaco-dépression, tabou de la part de la famille, vengeance extrême vis-à-vis des hommes, homosexualité et rencontre avec l'homme de ma vie (il était l'exception) qui avait vécu des trucs similaires et qui a mis fin à ses jours.
A 28 ans, je me suis dit que je devais sortir de ce cercle de violences. J'ai consulté un psy, changé d'entourage et travaillé dur (comme bosser fait oublier, c'est pratique). Et aujourd'hui, j'ai envie de dire que je suis toujours là et que rien ne m'atteindra ou me cassera. Mais la vérité, c'est que ma vie s'est arrêtée il y a bien longtemps.
Mon cousin, lui, a toujours son job et même une petite famille. Il fait partie d'une milice et entre en politique. L'autre bourreau s'est excusé et a continué sa petite vie tranquille.
Comment je me sens après cela ? Mal et bien, coupable et victime, honteuse ayant envie de crier au monde ce qui s'est passé... c'est la confusion. Et même dans l'écriture de ce texte, celle-ci persiste : ça me fait du bien d'en parler et ça réveille les souvenirs que je veux enrayer...