Quels soins ? Samedi dernier, avant le dîner de Survivants, je suis aller rencontrer un psychiatre dans une clinique, (pour faire plaisir à mon psy). Je vais mal depuis bientôt un an et il pense que je devrais accepter de me "mettre au vert" selon son expression (quel euphémisme). Peu de choses me font plus peur que les séjours en milieu hospitalier...pourquoi un tel effroi face à des gens et des structures qui sont sensés m'aider, me soigner voire me guérir ?
Parce qu'entre 14 et 17 ans, j'ai connu l'horreur des services de pédo-psychiatrie français. Cet aller-retour dans une clinique a fait remonter pleins de souvenirs et j'ai besoin aujourd'hui de le partager avec vous car JE SUIS CONVAINCUE QUE JAMAIS JE N'AURAIS ETE TRAITEE DE CETTE FACON SI CE QUE J'AVAIS A DIRE N'ETAIT PAS SI DERANGEANT POUR NOTRE SOCIETE.
La psy de l'hôpital général où l'on m'avait transportée suite à une deuxième TS m'avait parlé d'un endroit calme avec d'autres enfants où je pourrais me reposer et parler de ce qui n'allait pas...Je suis arrivée dans un grand parc clos de murs avec plusieurs petits batiments, celui qui m'attendait portait le doux nom de "unité d'accueil et de soins urgents". Je ne savais même pas qu'il sagissait d'un hôpital et encore moins d'un hôpital psychiatrique. J'ai rencontré le psychiatre qui allait me suivre pendant plus de 2 ans, l'entretien a été rapide, quelques informations sur ma famille, sur mon parcours scolaire puis sans une explication, sans un mot, une infirmière m'a fait passée deux portes verroulliées...je ne savais pas encore ce qui m'attendait, je ne savais pas que quand je sortirais de cet endroit, plus jamais je ne verrais le monde comme avant, que 10 ans après je ferai encore des cauchemards de cette porte bleue.
On m'a dépouillée de toutes mes affaires personnelles, chaine en or, montre, chaussures, ceintures, même mon soutien-gorge...et je suis rentrée dans le service. Un long couloir, des portes partant des deux côtés, des "chambres" , des cellules pudiquement appellées "chambres individuelles" (je ne comprenais pas à quoi elles pouvaient servir), une salle à manger, une salle de jeu...J'étais dans une telle dépression que je n'ai pas réalisé tout ce que je voyais pouvais signifier.
Durant ce premier séjour de 3 mois (on m'avait dit 3 semaines !), j'ai été plutôt bien traitée, malgré l'interdiction de tout contact avec l'extérieur et ma famille et la méchanceté et la violence de certains infirmiers qui ne me pardonnaient d'être une enfant de bourgeois mais j'ai été témoin de traitements que je continue de trouver inadmissibles : des enfants humiliés par les infirmiers sadiques et incompétants, d'autres enfermés au noir pendant des semaines suppliant qu'on leur allume au moins la lumière. Mais un jour je suis sortie, et (je peux bien lui reconnaître ce mérite) j'ai porté plainte grâce à ce psychiatre.
Un an et demi plus tard, j'allais très, très mal : Mes parents après m'avoir soutenue étaient devenus un problème à part entière, le démarche judiciaire allait droit vers un non-lieu, je commençais à consommer beaucoup de produits, mon nouveau lycée cherchait à me virer à cause de l'affaire qui faisait beaucoup de bruits et une chasse aux sorcières contre moi et mes parents avait lieu...
Je continuais à voir le psy en consultation, après un entretien, il m'a hospitalisée. J'ai su bien après que juste avant il avait eu la visite de l'infirmière et de medecin scolaire de mon lycée qui lui avaient dit, que, vu ce que je racontais, j'étais un danger pour l'établissement (pourquoi n'accuserai-je pas un enseignant demain...?!) et pour la société!!! Oui pour ces gens, c'était moi le danger et je n'avais pas ma place dans la socièté, il fallait m'en exclure et mon psy a marché. Au lieu de m'aider comme il l'avait fait, il s'est tranformé en geolier et en gardien de la bonne conscience générale, il a appliqué la bonne vieille méthode des systèmes totalitaires, la mise au silence de ceux qui dérangent. Accuser une femme de ces choses-là mais vous n'y pensez pas!!!
Je ne suis pas en train de dire que je n'avais pas besoin d'une hospitalisation mais certainement pas comme elle s'est passée.
6 mois, 6 mois d'horreurs, privée de tous mes droits même les plus élémentaires, mon intimité, mon honneur bafouées, j'avais 16 ans et on m'a moins bien traitée qu'un dangeureux criminel.
Le summum de l'horreur a été atteint un jour où désespérée d'être privée de ma mère, j'ai supplié pour qu'on ouvre la porte vitrée qui nous séparait...quand j'ai compris qu'ils ne le feraient pas, j'ai hurlé et j'ai tapé contre cette p***** de vitre, ils m'ont trainée en cellule, deshabillée de force, et attachée au lit...raconter cela me donne la nausée, J'AI TELLEMENT HONTE...
J'ai fini par sortir, après avoir perdu confiance dans les adultes, en mon pays (justice), en mes parents, je venais de perdre confiance en le psy qui avait tant compté et dans la medecine en générale.
Alors oui, j'ai encore peur de l'hôpital, je commence toujours par penser en rencontrant un psy pour la première fois qu'il est p-e mon ennemi parce qu'un jour, un de ses confrères m'a traitée symétriquement de la façon dont m'avait traitée cette femme et ma grand-mère.
Désolée, j'ai été longue mais c'est la première fois que je mets tout ça par écrit, d'ailleurs je suis en train de sangloter...Svp dites-moi si vous pensez qu'ils ont eu raison d'agir comme ça, si j'ai raison d'avoir tellement honte, si je suis folle...
Panthère
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