J'ai 18 ans. Ma vie, je ne m'en souviens pas très bien. Je n'ai que très peu de souvenir de mon enfance, ça, c'est encore un mystère. Étrangement mes souvenirs remontent au début de l'inceste. Quoique, je ne suis pas sur de mon age ? 12 13 ans. C'est vague. Je me souviens de ses mains, de son souffle et du silence. Ce silence de plomb. Celui qui m'a fait me taire. Un silence tellement profond : impossible à briser. Je suis incapable de remettre les évènements dans l'ordre.
Pourtant je n'oublie pas : Frédéric. Ce prénom qui dirige ma vie, que je m'efforce de ne jamais oublier, j'apprend à le détester de plus en plus jour après jour. Parce que, non, je ne l'ai pas tout de suite détesté, je voulais qu'il m'aime, et s'il m'aimait comme ça : qu'a cela ne tienne. Je n'ai simplement pas de sentiments, pas de colère, de tristesse. Je suis anesthésiée. Non, j'ai juste peur. Peur de découvrir a quel point j'ai mal. Une fois seulement, j'ai ressentit l'horreur, en fermant les yeux j'ai écouté mon corps. Envie de vomir, de mourir, qu'il sorte de ma vie qui ne lui appartient plus.
J'ai mal grandit. Fais "l'amour" pour la première fois avec un jeune homme, qui, comme mon cousin est l'égoïsme incarné. Il m'a tout prit lui aussi. Il s'est vidé, moi ou une autre qu'importe. Je me revoie encore, allongée, inerte ou simulant, et lui actif insensible à ce qui se passe en dessous. Et, il m'a prit, sans me demandé mon avis. Silence; encore ce même silence de plomb. Ça, c'est toute ma vie. Moi, on s'en fou. Si Marie ne donne pas assez on lui prendra tout. Je lui ai juste demandé s'il avait aimé. Il m'a dit "oui".
Un de plus ou un de moins, ça ne me fait ni chaud ni froid. Mon corps, je suis habitué a ce qu'on ne lui pose pas la question. De toute façon, a cette époque la même pour moi je n'existe pas. "On fait pas assez l'amour, je vais me branler cinq fois par jour pour être satisfait, tu penses que je suis un obsédé sexuel?" C'est ce qu'il m'a dit quand on s'est quitté.
Il y en a eu d'autres des garçons qui prennent sans demander. Des égoïstes, des handicapés du coeur et de l'humanité. Merci Frédéric, ces mecs la je les reconnais, a leur allure, ils puent l'égocentrisme. Alors, j'y court. Moi, l'amour : connait pas. Cul, cul, cul. C'est ce qui dirige ma vie. Et, de toute façon, on ne m'aime que pour mon cul. Même dans la rue, ces hommes qui passent, le regard dégueulasse qui s'attardent sur moi.
Tu respire le sexe Marie!" Merci, j'ai pas eu le choix. Je respire pas le malheur par contre, pas la mort. Ça, on ne le voit pas. Parce qu'une bite s'en fout. Il y a eu mon père aussi, trop maladroit pour dissimuler sa vie sexuelle. Des capotes dans les sièges. Des femmes différentes toutes les 3 semaines. Ca, je ne le considère pas comme de l'inceste. Je n'y arrive pas. Simplement, oui, ca à eu de l'influence sur ma vie.
Bref, j'ai eu une enfance volée, violée. S'il y a eu de beaux moments, je ne m'en souviens pas bien. Ou très peu. Pardon à ceux qui en font partis.
Heureusement, aujourd'hui, je ne suis plus seul. J'en ai parlé a ma famille, qui me soutient. Et a mon amoureux. Mon espoir de vivre. Ma force chaque jour. Ma sécurité d'être. Je ne pourrai jamais assez le remercier de ce qu'il fait chaque jour. De sa constance et de son courage. Aujourd'hui, je vais mieux. Un peu plus chaque jour.