Inachevée c'est ce que mon corps a été après une pénétration des plus violentes à l'âge de 5 ans.
Avant ça il y avait des abus mais ce n'était pas douloureux et j'avais enfin l'attention de mon père. Je n'ai pas la sensation d'en avoir souffert sous le coup.
Inachevée c'est aussi la promesse qu'il m'avait faite qu'on partirait de la maison que tous les deux.
Inachevé c'était le rêve d'un amour fusionnel qui n'existait pas.
Inachevé c'est mon discours quand je parle de lui, c'est ma mémoire qui vit en pointillé.
Inachevé c'est moi, ce sont ces séquelles à vie qui m'empêchent d'aller au bout des choses.
Suffisamment forte pour un corps debout trop fragile pour une âme vaillante. C'est ça un inceste, c'est un acte de mourir qui n'est pas allé jusqu'au final. C'est une vie qui n'est pas allée au bout de son incarnation.
À tous les inachevés je vous aime même si vous êtes fébriles et ne terminez pas vos phrases quand il s'agit de vous exprimer, chose qu'on nous a longtemps interdit. Alors qu'importe la fluidité du discours : parlez. Car parler c'est achever l'histoire et commencer à débuter pleinement sa vie enfin.