Inceste Fraternel non violent

Témoignage Publié le 01.06.2025
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...je ressens le besoin de parler, à qui? Je ne sais pas, j'ai juste besoin que le monde sache, que le monde entier sache que derrière le mot inceste se cache tellement de facettes différentes

D'abord, et le premier truc qui me vient c'est que non, c'était pas violent et oui j'ai pris du plaisir, oui j'en redemandais parfois, et ça c'est le plus dur, la plus grande honte de ma vie. Il avait 3 et 5 ans de plus que moi, je sais pas comment ça a commencé, ni comment ça a fini, je sais juste que j'avais entre 6 et 9 ans, que eux bien qu'ils disent aujourd'hui qu'ils ne sen rendaient pas compte, que pour eux c'était un jeu, eux ils étaient pubères, ils éjaculaient, ils savaient...

Et pourtant je sais que quelque part c'était des enfants aussi... Alors comment je m'y retrouve là dedans ? Comment je sais qui est responsable? Contre qui je dois adresser ma colère? Ma mère? Mes frères? Moi même? ça je sais maintenant que non... et pourtant c'est bien vers moi qu'elle se tourne cette colère, c'est plus facile, si je parlais, si je me mettais en colère contre les autres...au final... sur qui ça retomberait ? sur moi! C'est moi que je priverais de famille, c'est moi qui me sentirais la méchante, c'est moi qui aurait tout fait foirer.... Voilà les dilemmes dans lesquels je suis.

Donc non l'inceste ce n'est pas juste une personne plus vielle qui force un enfant à faire quelque chose, parfois cet enfant ne comprend pas, est seule, éprouve du plaisir, se sent aimé donc reste mais il fait aussi des choses qui le dégoutent, il a peur aussi, il grandit, il se construit dans ces images pornographiques, dans ces scénarios glauques, et puis plus tard, devenu adulte, quand on le touche il s'effondre, il pleure, tout peut être source d'angoisse, tout peut le dégouter si vite, il a peur de recommencer, il ne se fait pas confiance, il a déjà dit oui pour quelque chose de dangereux, alors aujourd'hui comment il peut croire en sa capacité à juger de ce qui bon ou non pour lui ?

Cet enfant, CETTE enfant, c'est moi, j'ai avancé, j'ai parlé, j'ai débloqué certains aspects de ma sexualité, mais il reste encore tellement de choses nouées, tellement d'angoisse, de tensions, de sensations qui m'appartiennent pas dans mon corps. J'ai encore tellement peur des réactions que pourraient avoir les gens, qu'on me dise que j'avais qu'à dire non, que j'ai pris du plaisir c'est dégueulasse, que si j'aimais ça, de quoi tu viens te plaindre maintenant, de ça y est, c'est bon on passe à autre chose là ? C'est bon c'était y a longtemps, on t'a forcé à rien, c'était pas violent donc ça va, c'était que des jeux d'enfants

MAIS NON, c'était pas que des jeux ! c'était bien plus, c'était à un moment ma zone de sécurité, c'était le moment où j'avais de l'attention, c'était les jeux où j'étais pas seule, c'était du plaisir, c'était fun... mais c'était aussi dégoutant, énorme, beaucoup trop, beaucoup trop d'énergie sexuelle pour une si petite fille, je ressens encore ce truc énorme dans ma bouche, j'ai envie de vomir. C'était pas que des jeux, c'était des abus grave de mon innocence d'enfant, c'était une intrusion des adultes dans ma légèreté et ma souffrance d'enfant en recherche de son père décédé à ses 1 ans et demi. C'était de l'adrénaline, c'était le moment où je me sentais proche de mes frères, où j'avais plus à réfléchir, où on m'aimait, où j'étais le centre de l'attention, et oui c'était aussi un jeu, une bêtise, mais une bêtise qui aujourd'hui a de lourde répercussions sur mon quotidien, un évènement qui me suit, qui m'empêche d'être libre dans mes relations, qui m'empêche de me sentir légère, qui fait que souvent je me dégoute, que mon corps ne m'appartient plus, que parfois j'ai envie de tout casser, que parfois j'ai envie de tuer, que je vois des couteaux s'enfoncer dans mon corps, de partout, que des larmes invisibles coulent le long de mes joues pendant des heures alors que il fait beau, que je suis au café avec une copine et que je devrait être heureuse, mais non, j'ai cette sensation tellement dérangeante qui me lâche pas, que peut importe ce que je fasse, que je l'accueil ou que je lutte contre elle est quand même là et me fait me sentir tellement mal que j'ai envie de mourir, que j'ai envie de tout faire pour me distraire. Bref l'inceste c'est aussi des enfants confrontés à de la pornographie et qui recopie, c'est aussi des enfants perdus, j'ai mal et j'ai besoin que le monde le sache