Inceste moral
Bonjour,
Je souhaite témoigner du cauchemars duquel je me réveille douloureusement. J'ai toujours su mon enfance malheureuse, avec quelques soucis : alcoolisme de mon père, disputes conjugales, mère qui l'insultait, tromperies, etc. Mais ai pensé que dans toutes les familles il y avait quelques problèmes.
A l'adolescence je tombe en dépression sans trop savoir pourquoi. Je pleure toute la journée, personne ne voit rien. Je mets ça sur le compte du décès de ma cousine, après tout c'était légitime. Cela passe. J'ai quelques signes psychologiques comme une très faible estime de moi, une grande timidité voir anxiété mais je m'en sors assez "normalement".
J'ai aujourd'hui deux enfants. A la naissance du premier, bien que très angoissée et stressée, tout se passe bien. Puis j'attends ma fille 3 ans plus tard... Le cauchemars commence : mon fils a 3 ans et demi et commence à s'amuser à se montrer, à toucher les fesses, etc. Avec le recul son comportement était absolument normal pour son âge, mais moi je sortais de mes gonds : je hurlais, lui demandais si quelqu'un lui avait fait ça, etc. Et puis un jour je me suis dit "j'attends une fille, il va falloir que je surveille que tout se passe bien". C'est remonté, là : mon cousin a abusé de moi lorsque j'avais 4 ans... 2 fois... Il n'en avait que 7, pas de pénétration donc mais le reste y était : attouchements, déshabillage puis il se couchait derrière moi... Je l'ai pourtant plus ou moins toujours su sans que cela ne me pose de souci. Je savais que cela était anormal mais compte tenu de son âge, je n'ai pas voulu gâcher sa vie. J'aurais mieux fait car j'ai appris il y a quelques jours qu'il frappait sa fille (personne ne semble bouger, je le ferai).
A la naissance de ma fille je tombe en dépression. Je m'occupe des enfants à temps plein malgré tout, mais suis irritable. Puis je commence à penser à des horreurs : que des gens font du mal aux enfants, que c'est tellement facile, un geste et tout est fini, bref je cogite toute la journée sur les horreurs du monde. Puis je tombe sur un article faisant état d'un enfant sur 5 victime d'abus sexuel. Là je craque, j'ai peur, peur que tout le monde soit un danger potentiel, peur que mes enfants puissent devenir des monstres ou en être victimes... J'ai des phobies d'impulsion, des peurs en tous genres, des images intrusives, je pense en finir.
Là je me remémore tout ce qui a été dysfonctionnel : il y a eu le cousin bien sûr mais pas que. Le reste est plus tendancieux et personne ne dit rien, ce n'est pas si grave après tout : l'ami de la famille qui m'appelle Adeline (en référence à Adeline Hallyday). Le grand père qui tient de propos déplacés : alors les filles, on joue au docteur ? Si un homme a une maîtresse c'est qu'il n'a pas ce qu'il faut à la maison, etc. Encore récemment j'ai dû entendre comment il est "tombé" sur une vidéo internet où des femmes faisaient ça avec des chiens... L'horreur...
Je suis déjà au plus mal avec mes peurs et mes phobies quand je craque définitivement : alors que nous mangeons chez mes grands parents toutes les deux semaines, je l'entends dire à mon fils, alors que son père dort après une nuit de travail "t'es que ton papa dort tout seul?". Puis cette fois où il lui soulève le t-shirt pour lui coller sa main dans le dos, mon fils rétorque pour s'entendre dire "moi j'aime bien qu'on me touche, surtout une belle femme". Le jour même j'apprends qu'en promenade la fois passée, mon fils a dû uriner et que mon grand père a eu l'idée de génie de faire à côté de lui. S'en est trop, mon malaise vis à vis de ces gens prend un sens.
Je repense alors à cette fois où ma grand-mère m'a acheté des sous vêtements, vers 8 ou 9 ans peut-être moins. Elle me les a fait essayer, m'a ramenée à la cuisine et là, idée de génie : mon grand père m'assoit sur la table à repasser, me dit de prendre une pose (genre pin-up) et me photographie... Ces gens super sont tordus, faut se rendre à l'évidence. Quand vous allaitez dans une pièce à part et que mamie rentre 10 fois pour se pencher au dessus, quand elle essaie d'ouvrir la porte alors que vous tirez du lait pour votre enfant... Pas d'attouchements, rien de ce genre et pourtant, un gros malaise.
J'ai donc décidé de ne plus les voir et ai tout déballé à mes parents. Ils comprennent mais minimisent à mon sens. Je me sens seule, comme si les gens voient que ce n'est pas normal mais que ce n'est pas si grave. J'ai mis du temps à réagir mais on vous fait tellement croire que les mots ce n'est pas grave, c'est de l'humour finalement...
J'en peux plus, j'ai peur pour mes enfants, de ce qu'ils ont ressenti, de ce qu'ils ont en tête, qu'ils ne soient perturbés ou qu'ils aient des idées déplacées en tête désormais... Bref, peur de les avoir mis en contact avec ces gens. J'ai peur aussi de ce qu'ils ressentaient lorsque j'étais en état de panique, peur qu'ils m'aient trouvée perverse, bizarre, effrayante ou je ne sais quoi d'autre alors que j'étais juste affolée. Que se passe-t-il dans la tête d'un enfant qui sent la panique chez sa mère quand elle s'occupe de lui, le change ? J'ai tellement peur qu'ils se soient sentis en insécurité voir agressés alors que c'était tout le contraire, j'avais peur, peur de ce qu'ils pensent, peur de les traumatiser, tout geste me faisait une peur immense, j'étais en panique, qu'est ce qu'ils pensent ? Cette question me tue.
Et ces gens me reprochent de leur faire du mal, de lancer de fausses accusations, me demandent de m'excuser pour qu'ils daignent me revoir... La blague, mon dieu surtout pas...
Mon fils ne comprend pas qu'on y aille plus, je ne sais plus quoi lui expliquer.
Bref je suis perdue et surtout j'ai peur pour mes enfants, de ce qu'il se passe dans leur tête, de quelle psychopathologie je suis entrain de leur créer avec tout ça... Dois-je les faire suivre ?