J'ai 55 ans, ça va faire 40 ans que je me bats pour vivre.
Mon père m'a violée pendant 10 ans, de 6 à 16 ans. En plus de la honte et de la culpabilité de ce que mon père m'a fait, j'ai dû supporter les accusations et l'inaction de ma famille. Je me suis résignée à couper les liens avec elle. Dans les années 70/80, il fallait se taire, c'était "chut , tais-toi" de tous les côtés. C'était mal vu de "remuer la merde" : c'est ce qu'on me disait quand je posais des questions, quand je voulais parler de ce que mon père m'avait fait. Je me suis battue toute seule durant toutes ces années, psychologues, psychiatres, réflexologues, naturopathes, shamans, énergéticiens, homéopathes... et j'en passe, rien n'y a fait jusqu'ici.
Au bout de 40 ans, je me suis résignée à n'avoir aucune reconnaissance, ni de la justice (à l'époque, les choses ont été très mal menées, rien n'a été fait), ni de la famille. Début septembre, la brigade de la protection de la famille m'a contactée, une plainte est en cours contre mon père. Après le divorce avec ma mère, mon père s'est remarié, il a eut 2 enfants, dont une fille, victime de viols, qui a déposé plainte. Je suis donc allée déposer plainte symboliquement, puisque pour moi, il y a prescription. L'adjudante m'a expliqué que ça donnerait du poids au dossier, il y a également une tante de la fille de mon père qui est victime, qui porte plainte symboliquement, car prescription aussi. Je me dis que là, il y aura peut-être assez de poids au dossier pour qu'enfin mon père soit reconnu coupable. Je me dis aussi, que si les choses avaient été faites correctement quand j'ai signalé ce qu'il me faisait, mon père n'aurait pas fait d'autres victimes. Comment des humains peuvent mettre une prescription à des viols sur enfants ?
J'ai fait un témoignage sur le site CIIVISE, la personne que j'ai eu au téléphone m'a conseillé de vous contacter. Je ne sais pas si je suis au bon endroit, mais c'est vrai que j'ai besoin d'aide. Merci de m'avoir lu, et merci pour ce que vous faîtes.