J'ai porté plainte à 20 ans, j'ai été reconnue victime et pourtant, à 37 ans, je suis encore prisonnière de mes peurs. Bonjour, je m'appelle Christelle, j'ai 37 ans et je suis une rescapée de l'inceste. Je me rends compte combien c'est difficile d'en parler. Pour moi, c'est comme une histoire que je raconte mais pas ce que j'ai vécu, je n'y arrive pas.
Cela s'est passé dans mon enfance, officiellement entre 6 et 9 ans, officiellement car c'est à ce moment que ma mère nous a surpris, mais cela a continué jusqu'à mes 11/12 ans, jusquà ce que j'évite les moments seule avec mon père.
Mon premier traumatisme a été cette relation avec mon père, le deuxième a été l'attitude de ma mère à mon égard lorqu'elle nous a vu. Ma vie a basculé, elle ne me voyait plus que comme la maitresse de son mari, me traitait comme de la merde, chaque jour jusquà ce que je parte de la maison. L'inceste est monnaie courante dans ma famille. Les femmes épousent des mecs qui vont abuser de leurs enfants et se taisent. C'est une tradition familiale. Tout le monde sait mais tout le monde se tait. En grandissant, je sentais une sorte de colère intérieure, que les choses étaient pas normales. J'étais bonne élève mais j'étais le souffre-douleur de la classe, je bagayais, on se moquais de moi tout le temps. Je n'avais pas d'amies ou trop peu. A 18 ans, en travaillant pendant les vacances, une collègue m'a trouvé "bizarre" et m'a prise sous son aile. On a commencé à se voir en dehors du travail et m'a dit un jour que j'avais un problème et qu'il fallait en parler. J'ai fini par dévoiler mon lourd secret et la premier phrase qu'elle m'a dite est : "tu n'es pas responsable". La colère que je gardais enfouie en moi depuis des années est surgie d'un coup. Avec ma mère, ça devenait violent, on s'évitait et pour le peu qu'on se voyait, c'était explosif.
A la rentrée, je suis allée me renseigner auprès d'une association des droits de l'enfant et leur ai tout raconté. Ils m'ont dit que je pouvais être aidée. Après une ènième dispute avec ma mère, je suis partie. Des copines du lycée m'ont hébergé le temps de trouver un foyer avec l'aide de l'assistante sociale du lycée. Encore un autre tournant dans ma vie. J'ai tenté de poursuivre une scolarité normale mais je séchais l'école, j'ai commencé à faire tout et n'importe quoi. Je me dégoutais, j'ai commencé à me faire du mal et à faire plusieurs tentatives de suicide. J'ai été hospitalisée en psychiatrie, on m'a encouragé à affronter mon passé, ce que j'ai fait. A 20 ans, je porte plainte contre mon père. Après 5 ans de procédure et de vie entre parenthèse, le procès a lieu aux assises de Douai. Mon père est condamné, je suis reconnue victime et j'ai toute la vie devant moi.
Aujourd'hui, j'ai 37 ans, je suis célibataire, sans enfant. Je suis régulièrement hospitalisée pour dépression, j'ai un boulot stable depuis 8 ans. J'ai arrêté de boire, j'ai arrêté tout ce qui pouvait me détruire, ce n'est pas l'envie qui me manque, c'est juste que c'est pas honnête pour les personnes qui me soutiennent depuis longtemps ou plus récemment. Je ne sors pas, j'ai peu d'amis, je ne sais même pas qu'elle sexualité j'ai. J'ai peur d'aimer, je redoute le rapport sexuel.
En fait, cela fait des années que j'essaie d'avoir une vie mormale en zappant de ma vie cette période de ma vie qui régit encore pourtant mon présent et mon avenir. J'évite les problèmes, je ne fais que ça. Je me sens terriblement seule, mes proches savent mais que peuvent-ils faire face à mes angoisses?
J'ai tellement envie de m'en sortir, d'aimer et d'être aimé, de me donner droit au bonheur. Je détruis systématiquement tout ce que je construis, j'ai la trouille.
Je ne sais plus quoi faire alors je me dis que peut-être échanger avec des gens qui ont un passé commun au mien, cela pourrait m'aider, je n'en sais rien.
Merci d'avoir pris le temps de me lire.
je ne comprends que trop bien ton témoignange même si cela est facile a dire ce qu'il faut essayer de faire n'est pas d'oublier ou de zapper comme tu le dit car malheuresement c'est impossible mais au contraire essayer de vivre avec d'en faire une force et une arme redoutable c une lutte un combat qui dure tte la vie et si même si je le pense ce n'est pas forcement ce que tu as envie d'entendre seule toi peut prendre la decision de contiuer et de ne pas lacher meme si je dois l'avouer c'est tres difficile .........je t'envoie un camion de courage et remplie d'espoir
Très touchée par votre témoignage je voulais vous apporter mon soutien dans votre combat qui est également le mien.
S'exprimer, poser des mots c'est déjà faire un grand pas. Il est important de ne plus anéantir la vérité aussi glaciale soit-elle. Je pense que toutes ces phases de construction-destruction-reconstruction, de recherche de conformité ou d'anti-conformité fait partie de notre itinéraire de victime. Prête à attraper mes envies mais sans pouvoir y arriver tellement paralysée par la peur, j'ai compris que je devais accepter mon histoire, apprendre à composer avec elle pour atteindre mes objectifs. Des toutes petites victoires pour le plus grand nombre mais si sublimes à mes yeux. Petite victoire et encore petite victoire, un peu comme des poupées russes qui s'emboitent pour arriver à l'accomplissement du rêve, des rêves de nos vies.
Très touchée par votre témoignage je voulais vous apporter mon soutien dans votre combat qui est également le mien.
S'exprimer, poser des mots c'est déjà faire un grand pas. Il est important de ne plus anéantir la vérité aussi glaciale soit-elle. Je pense que toutes ces phases de construction-destruction-reconstruction, de recherche de conformité ou d'anti-conformité fait partie de notre itinéraire de victime. Prête à attraper mes envies mais sans pouvoir y arriver tellement paralysée par la peur, j'ai compris que je devais accepter mon histoire, apprendre à composer avec elle pour atteindre mes objectifs. Des toutes petites victoires pour le plus grand nombre mais si sublimes à mes yeux. Petite victoire et encore petite victoire, un peu comme des poupées russes qui s'emboitent pour arriver à l'accomplissement du rêve, des rêves de nos vies.