L.

Témoignage Publié le 02.12.2021

Bonjour, je suis la maman de L., 7 ans et demi, qui a eu le courage de me parler de son viol et de ses abus sexuels la première fois l'été 2018.

Je vais commencer par les propos de L. devant l'expert psychologue nommé par le procureur lorsque j’ai porté plainte : « On dormait tout nu. C’était il y a longtemps. Je dormais et j’ai senti le zizi de papa. Après, il me l’a mis dans les fesses. Dans le trou des fesses. Son zizi était gros et musclé. Il a juste rentré le bout rond du zizi. Il n’a pas tout rentré. Ça fait mal. Cela m’a donné envie de faire caca. Alors j’ai couru faire caca. Après, papa n’a pas recommencé et il m’a dit de ne pas le dire car sinon il va en prison ».

Aujourd'hui, la justice n'a toujours pas mis de protection pour mon enfant, au contraire, la justice a accédé à la demande de garde alternée du père. Aujourd'hui, L. manifeste à nouveau des signes physiques et psychologiques d'agressions sexuelles. Il y a quelques jours, une psychologue qui suit L. dans le cadre d'une thérapie familiale a fait un signalement auprès du procureur en date du 18 novembre 2021 suite à une consultation où L. nous a expliqué dormir avec son père quand la compagne de ce dernier était absente et garder le secret comme son père lui a demandé. J'ai effectué un courrier en recommandé aux services sociaux qui m'ont renvoyée vers mon conseil.

Son père, président d'un club de rugby s'occupant de la section jeune avec 350 enfants. Il est propriétaire de plusieurs restaurants et commerces, très populaire avec un apport économique certain pour la ville. Il est passé de nombreuses fois à la télévision sans compter les médias locaux. Aujourd’hui, la popularité de son père pèse dans le fonctionnement de la justice ainsi que dans le comportement de la protection de l'enfance. Sans compter mes origines maghrébines qui accentuent l'opinion des services sociaux puisque je manipule mon enfant uniquement par jalousie, pour des raisons financières et par vengeance… alors que je l’ai quitté. L’enquête sociale faite par les services sociaux au début de la procédure me décrit moi et ma famille comme des cas sociaux... Nous sommes dans la caricature la plus totale… Je suis infirmière libérale depuis 20 ans et propriétaire de 2 biens, à la grande surprise des services sociaux lors de notre première rencontre. Malgré notre condition modeste, mes sœurs et moi-même avons toutes fait des études supérieures. Ma sœur aînée est avocate, une de mes sœurs travaille chez Dassault sur des projets secrets défense et enfin sa sœur jumelle après avoir exercé comme ingénieur s’est reconvertie en tant qu’infirmière.

Les services sociaux ont recueilli la parole de L. lors d'un repas avec lui en date du 31 mai 2021 où L. a dit à l'éducatrice que son père lui avait mis le zizi dans les fesses et lui avait fait goûter le zizi. Pourtant cette dernière affirme que L. n'a jamais verbalisé son viol auprès de leur service. Aujourd'hui, depuis le début de la procédure, L. a fait l'objet de 5 signalements et 1 PV de renseignement judiciaire. Je suis impuissante face à la situation qui reste sans aucune action de la part de la justice et je me sens impuissante pour protéger mon enfant. L. a parlé jusqu'à ce qu'il retourne chez son père en date du 11 juin 2021 et depuis ne veut plus s'exprimer, sauf dernièrement suite à une accélération de ses cauchemars et ses terreurs nocturnes. Il vient de nous dire devant la psy vendredi dernier que son père continuait de lui toucher les fesses. L. ne veut pas que son père aille en prison, donc tait la réalité des faits et minimise ce qu'il vit réellement.

J'ai déposé une deuxième plainte le lundi 22 novembre 2021. Ma sœur vient de saisir le garde des Sceaux. J'ai déposé une main courante le 25 novembre pour signifier mon refus d'appliquer le jugement pour protéger mon enfant. Mes avocats ont prévenu l'instruction et le parquet de ma décision ainsi qu'une énième demande de protection. 24 novembre 2021 à 17h, il y avait une dizaine de policiers en civil ainsi qu'en tenue. Un ami proche a été mis au sol par 4 policiers car il a empêché L. de partir de l'école avec son agresseur. L'établissement (au courant de mon premier et de mon 2ème dépôt de plainte) a fait sortir l'enfant par la porte de derrière. L. est chez son violeur ce soir.