Le déni

Témoignage Publié le 07.11.2010

Fotolia_802309_XSJe témoigne. J'ai 53 ans. J'ai vécu ma vie durant dans le déni et en dépression. Combien de temps peut durer le déni demandent certains ? Pour moi... 47 ans pour d'autres à vie ! En 2000, devenant un danger pour mes deux enfants alors âgés de 9 et 11 ans. J'envisage un suivi psychologique. Je rends visite à une psychologue comportementale qui reconnaît ne pas pouvoir m'aider. De fil en aiguille et 4 personnes différentes, je me retrouve en analyse. Ma psy "mon ange gardien", une femme.+ A notre première conversation je lui brosse un tableau très succinct de mon histoire.

Voilà j'ai 43 ans, je suis mère de deux enfants et dépressive. Mais quand je regarde en arrière ma fille à quatre ans, mon fils deux et je vais très mal, quand je remonte le cours de mon existence, j'ai toujours l impression d 'être déplacée. A 21 ans je quitte ma famille, à 10 ans je suis dépressive, mais là je sais pourquoi, violée en forêt par un inconnu. Je n'ai rien put dire. Mais je me retrouve aussi à cinq ans, je ressens cet enfant en moi,  elle est triste à mourir et je ne sais pas pourquoi. Avant je n'ai pas de passé, rien un mur. Aidez moi !

   
Nous commencerons l'analyse quelques  mois plus tard, une place, un cocon, 4 fois par semaine je vais en RV, je parle, je parle, j évacue tous les cauchemars qui peuplent mes nuits, je n'ai aucune idée de ce que je lui raconte. Une véritable enquête policière se met en place. A la fin de la  première année nous savons ce que j'ai vécu, l'enfant de cinq ans a été abusée, Les souvenirs me laissent anéantis. Nous passons à 5 fois par semaine m'évitant ainsi de perdre pieds. Au fil des six années j'éliminerai toutes les larmes que je n aie put verser étant enfant, je serai comprise, aidée mais surtout écoutée. Ce que je découvre.... à 5 ans mes parents viennent de se séparer, maman part pour plusieurs mois en sanatorium et ma jeune soeur et moi seront placées dans un aérium à la campagne pour 9 mois. Mais.... le médecin est un pédophile ! Ce placement je l'avais oublié. Mis tous mes souvenirs aux oubliettes, la douleur elle par contre était toujours présente. Mais je ne suis toujours pas en paix !  
A la recherche de mon passé, ma psy me demande de prendre contact avec mes demi-soeurs, un oncle.... je cherche à savoir qui est mon père. Une conversation avec un de la fratrie confirmera ce que je pensais de lui, mon père : un dingue, un homme sans foi ni loi. Une visite chez mon oncle me laisse perplexe.... un mauvais goût... un de ses petits fils est handicapé. J'apprends de la bouche de cet homme qu'alors que l enfant lui  avait été confié, il a eu un malaise et a dû être réanimé. Son commentaire : "Les petits garçons sont moins solides que les petites filles"
 
Je rentrerai chez moi déçue, il envahit ma boite email de cochonneries, je n'y comprends rien. En 2006 j'arrête la thérapie j ai besoin d'une pause. J'ai aussi besoin d'y voir clair. Je finis par écrire à cet oncle lui demandant de ne plus m'envoyer de saloperies et s'il veut maintenir le contact avec moi de me dire qui il est vraiment. Après cela le calme, le vide.
 
En 2008 étant parti un peu trop loin, un peu trop seule avec une nouvelle connaissance dont les souvenirs me ramènent aux miens, je dois reprendre la thérapie. Ma psy ramasse les morceaux, nous les ajustons, reformons le passé.... l'histoire de mon cousin est la mienne. Cet oncle abuse de nous, il nous viole par fellation entraînant une perte de connaissance. Voilà donc mon séjour en hôpital expliqué. J'alerte les autorités de sa région, sa femme. Avec les autorités j'obtiens une réponse. Après enquête les indices trouvés ne sont pas suffisants pour pouvoir entreprendre une action contre lui. Sa femme... rien !
 
Aujourd'hui je sais qui je suis, les cauchemars ont disparu. Je me sens plus forte, plus équilibrée, l'agressivité qui était la mienne, la colère dans laquelle je vivais n'existent plus. Je suis une sur-vivante.
 
Dans un coin subsistent des  craintes. Une de mes demi-soeurs ignorant mon histoire a essayé de prendre contact avec cet oncle pour essayer de comprendre l histoire de notre famille. Il l'a bloquée, espérons que les choses en sont restées là. Elle a des enfants. Mon demi-frère m'a demandé de me taire. Ma psy de me protéger. Pourquoi devrais-je me taire ? Pour qu'eux les pédophiles aient les mains libres !
 
Le déni rien de plus dangereux, il ne nous permet pas de reconnaître nos agresseurs et de pouvoir nous en protéger nous et les autres.
 
Elisabeth
Nous en parlons
N
Nabema
Publié le 12.11.2010
Inscrit il y a 14 ans / Actif / Membre

Quel courage pour être allée chercher le détail de ce passé ! Quel courage pour avoir fait face à la réalité ! Quel courage pour avoir osé garder le cap qui permet de voguer vers un avenir inconnu ! Merci d'avoir cru en l'espoir alors que tout nous en éloigne. Merci d'affronter, les bras ouverts, celle que vous n'êtes plus et que vous deviendrez sans la connaître vraiment..
Nabema

A
Anne_
Publié le 12.11.2010
Inscrit il y a 14 ans / Actif / Membre

merci, Elisabeth