L'acte est en soi criminel, l'absence de soutien aux victimes l'est tout autant... Le père de mon mari a fait subir des attouchemens prononcés à ma fille lorsqu'elle était enfant, ce de manière répétitive. Il lui a également montré des revues à caractère pornographique. En intériorisant son traumatisme, vers l'âge de 10 ans, ma fille a commencé à déclencher des migraines avec aura. C'est en recoupant les circonstances dans lesquelles surviennent ces migraines avec son histoire personnelle que les médecins ainsi qu'un psychologue ont fait le rapprochement.
Il y a maintenant 2 ans que ma fille - qui a aujourd'hui 19ans - a osé m'en parler. Habitant à proximité du coupable, les médecins nous ont conseillé de l'éloigner. Outre les difficultés scolaires engendrées par les absences liées aux migraines ainsi que la difficulté à surmonter son traumatisme, c'est la vie au quotidien de ma fille qui est impactée. L'absence de tout soutien de la famille de mari (qui habite la même commune que nous) dont les membres continuent à fréquenter les parents de mon mari et n'ont en un an pas formulé quelque parole de réconfort que ce soit (ni texto, ni email, ni courrier que ce soit envers ma fille ou envers nous ses parents), pas un mot, pas de main tendue : cette indifférence revient pour moi à cautionner ce qui s'est passé.
Et tout ce petit monde se fait la bise et va à l'église : je ne trouve pas de mot pour qualifier une telle attitude. Faire passer la perspective de l'héritage au dessus de la morale au mépris de la victime dépasse toute notion de morale. Cela revient à se faire complice du fautif et de celle qui a sciemment ou non fermé les yeux sur ces actes : sa femme. La confrontation est imminente... L'enfance de ma fille lui a été volée, son adolescence a été vécue dans la tourmente, comme un combat permanent, et sa vie d'adulte est compliquée par les conséquences de ce traumatisme à bien des niveaux... quant à notre vie de famille, elle est détruite, le traumatisme étant tel que ma fille supporte difficilement de voir son père qui ressemble terriblement à l'auteur des faits.... Un doigt dans un vagin est un viol, quand un grand-père en est l'auteur sur la personne de sa petite fille, les conséquences sont dramatiques.. L'acte est en soi criminel, l'absence de soutien aux victimes l'est tout autant...
Je me rends compte à quel point nos histoires à tous et toutes (sans être identiques) ont des similitudes... Le manque de soutien aux victimes, ça me parle tant... J'ai été profondément blessée de voir des ami(e)s se détourner de nous (ma fille et moi)... J'ai été sidérée par le silence de certains (ne daignant pas prendre de nouvelles de ma fille, victime de son "père")... J'ai cru que nous étions seules à vivre tout ça. Je me rends compte que non. Ça devrait me réconforter (un peu), et, en fait, ça me désespère. Que de gâchis !!! Je me demande dans quelle société on vit... L'intérêt des victimes ??? Belle utopie... Légende urbaine... Quand on voit que le "père" de ma fille a commencé à recevoir un suivi psy à peine 1 mois après sa mise en examen (sans avoir eu à lever le petit doigt), alors que j'ai dû me battre pendant plus de 6 mois avant qu'elle obtienne une place en CMPP !!! Je suis écœurée par tout ça...