Moi aussi je devais avoir 6 ans...

Témoignage Publié le 24.10.2024

Quand mon père a commencé, je n'ai pas compris... je pensais que tous les papas faisaient ça. C'était normal.

Avec le temps, j'étais de plus en plus mal et j'ai commencé à avoir peur, à fuir les moments où nous pouvions nous retrouver seuls. Heureusement, il n'était pas beaucoup à la maison, il travaillait loin et ne rentrait pas souvent. Et puis, j'ai voulu dire non, et les menaces ont commencé (si tu le dis, je tue ton chien...). Alors, ça a continué. A 13 ans, alors qu'il venait (encore) de frapper ma mère (et que mon chien était mort), je lui ai dit : on s'en va.

Je passe les moments difficiles, flous, de brouillard. Et puis j'ai eu des enfants, et après 30 ans de mariage, lorsque mon mari m'a annoncé qu'il avait une maîtresse, qu'il voulait qu'on se sépare mais qu'avec ce que j'avais vécu avec mon père on serait toujours liés (il avait un père souffrant d'une maladie mentale), tout est remonté à la surface : la culpabilité en premier... Celle-là même qui a dirigé ma vie, sans que j'en aie conscience... A 57 ans, j'ai démarré une psychothérapie et je crois que je suis enfin en train de me libérer. La culpabilité est insidieuse et même si, objectivement, on sait que ce n'est pas de notre faute, ... nos émotions sont toutes autres et nous font accepter des choses qui ne sont pas acceptables tout au long de notre vie.

Je n'ai jamais fait de thérapie avant parce que c'était plus facile pour moi de penser que je n'avais pas le temps et que j'avais réussi à m'en sortir... en fait, j'avais tout bien rangé sous le tapis ! Et ma relation à l'homme était celle d'une personne soumise dominée (pas de violences physiques, non, une domination sourde, insidieuse que j'ai acceptée sans m'en rendre compte et que je ne vois que maintenant). Alors, je peux toujours écrire aux femmes, aux jeunes filles à qui cela arrive que ce n'est pas de votre faute, ça ne changera rien. Mon seul conseil : faites-vous aider par un thérapeute qui vous permettra de faire votre chemin et de ne pas rester, comme moi, pendant des années à se faire diriger par la culpabilité.