J'ai été victime d'attouchements sexuels de la part de mon père à partir de 16 ans. …
Avant cela, il était tyrannique, pervers et manipulateur, fouillant dans mes affaires personnelles pour violer mon intimité, me battant dès qu'il a su que j'avais un petit ami que j'avais embrassé, me traitant de "marie-couche-toi-là" qui a le feu aux fesses et qui ne pense qu'à ça… Ma mère quand à elle était complice de tout cela, je m'en rends compte seulement maintenant. Elle sentait, elle voyait mais elle se taisait, elle me rejettait.
J'ai aujourd'hui 33 ans, je vis avec mon amoureux depuis 9 ans avec qui nous avons 2 enfants, j'ai fait 2 ans et demi de psychanalyse qui m'ont permi de couper les ponts avec mes parents pendant presque 3 ans. Je pensais être guérie, avoir grandi suffisamment pour pardonner et revoir mes parents, surtout pour ma fille de 6 ans à qui ils manquaient… Mais plus le temps passe, plus nous nous revoyons (ce n'est pas souvent, mais déjà trop pour moi) et plus cela m'est intolérable. J'étouffe de tous ces faux-semblants, de cette vitrine lisse en apparence, de tous ces gens qui me disent "je comprends pas pourquoi pour tu n'es pas très famille… ils sont si gentils, si ouverts… tes parents.". C'est vrai, en façade, mon père est "l'Abbé Pierre" -pardon pour le vrai-, il se dévoue corps et âme pour ses amis et sa famille, dévoué, attentif. Je ne supporte plus d'être regardée par mes proches comme une pauvre fille névrosée qui en fait des tonnes pour quelques égarements de parents. C'est vrai quoi… "on fait tous des erreurs et revenir sans cesse sur le passé ne le réoare ni ne l'efface…". C'est si pratique! Et tout ce silence m'étouffe. Rien n'a jamais été clairement dit, je me suis toujours tûe par peur des conséquences, peur d'être prise pour une folle. J ne veux plus avoir à supporter tout ce poison qui m'empêche de vivre pleinement et sereinement ma vie et en même temps, les mots ne sortent pas. J'ai peur, encore peur des mensonges, du déni et des manipulations de mon père et de la volonté de ma mère de ne pas savoir. Je veux pouvoir faire bouger les choses pour moi, et pour mon fils aussi. C'est un petit bonhomme charmant, très rigolo de 3 ans à peine mais…qui ne dit pas un mot. Il ne parle pas. Je pense qu'il porte le poids immense de ce secret sur ses épaules. Si je m'autorise à parler peut-être que lui aussi s'autorisera à le faire? Cela ressemble à de la psychologie de cuisine. je ne sais plus. J'ai envie de pleurer en écrivant ces lignes, car je m'en veux d'être faible encore à ce point aujourd'hui et de ne pas avoir la force de sauver mon fils de ce poid du silence dans lequel nous sommes tous enfermés… Merci en tous cas pour cet espace de paroles libres… Peut-être cela m'aiderat-il à me libérer et à me rencontrer enfin