Témoignage reçu en réponse à un appel à témoins lancé par Face à l'inceste.
J'ai été violée à l'âge de huit ans par un cousin de 16 ans. Un viol et des agressions sexuelles. Amnésie traumatique jusqu'à mes 25 ans (j'ai 30 ans aujourd'hui).
Deux hospitalisations ados en psychiatrie, séance hebdomadaire chez une psychiatre jusqu'à mes 18 ans (prise en charge). Arrêt de suivi jusqu'à mes 26 ans, car étudiante et pas d'argent pour payer une thérapeute. Depuis 2017, je suis en thérapie avec une psychologue. Une première thérapie, une fois par semaine, qui m'a couté 80 euros par séance. J'ai changé parce que c'était trop cher, et j'ai repris en octobre 2021 avec une thérapeute qui prend 60 euros par semaine. Je suis en plus obligée de voir une psychiatre une fois tous les 15 jours pour ma prescription médicamenteuse, 50 euros, remboursée qu'à moitié par la Sécurité sociale.
Si je fais le calcul, entre 8 novembre 2017 (première thérapie) et le 17 juillet 2020 (fin thérapie avec la 1re thérapeute), ça m'a couté 7200 €. Plus la thérapie actuelle, reprise avec une seconde thérapeute qui m'a couté depuis novembre 2021 (jusqu'à maintenant) plus de 1600 euros. Je ne calcule même pas ce que me coute la psychiatre…. C'est un gouffre financier et je peux le faire maintenant parce que mon mari gagne bien sa vie. Mon agresseur a été reconnu coupable et condamné à me payer 3000 euros. Ça ne couvre même pas une année de thérapie. Bref, aller en thérapie parce que l'on survit n'est possible que si on a de l'argent et l'envie de faire des sacrifices pour pouvoir vivre. C'est indécent d'en être là aujourd'hui…
Effectivement c'est honteux c'est à l'agresseur de payer ces frais. Nombreuses victimes ne se font pas suivre faute de moyen.