Je me reconnais tellement dans tous vos portraits et raisonnements que j'en suis un peu perdue. J'ai cru longtemps que j'avais subi un comportement incestueux de mon père qui m'a toujours tétanisée et pétrifiée, qui n'était pas clair du tout dans ses regards, ses mots, ses actes.
En lisant les témoignages, je me suis aussi reconnue dans l'inceste mère-fille, et voilà que je me dis que j'ai subi également des attouchements de mon frère.
Où est la vérité ? Est-ce que je ne vois pas de l'inceste là où il n'y en a pas ?
j'ai été une petite fille très sage, du genre qu'on posait dans un coin et qu'on récupérait trois heures plus tard au même endroit. Père très autoritaire et mère très envahissante. Frère très complice et roue de secours indispensable pour moi comme pour lui.
J'ai l'impression qu'il s'est passé beaucoup de choses dont j'ai peu de souvenirs, et outre le climat incestueux qui régnait, je n'ai pas grand chose de concret sur lequel m'appuyer, à moins que je ne considère comme anodines des choses importantes.
Ma mère a quitté mon père quand j'avais sept ans. Elle me dit que ce qui l'a décidée est de m'avoir trouvée dans la salle de bains avec mon père, lui dans son bain, moi lui lavant le sexe. Je me souviens de cette scène. Est-ce parce qu'on en a parlé ensemble toutes les deux plus tard ?
J'y étais allée parce qu'il m'avait demandé de lui apporter des cigarettes.
Je me souviens qu'il m'imposait le spectacle de son sexe nu, se baladant nu en permanence. Je me souviens d'avoir protesté en vain, puis de m'être tue.
J'ai ressenti une joie immense quand elle m'a dit qu'elle le quittait. Pourquoi ? Je me souviens aussi du malaise et de la terreur d'être seule avec lui, plus tard, quand je lui rendais visite chez lui.
Ma mère confond oncle et frère, soeur et fille, elle confond les prénoms, m'appelle du nom de sa soeur etc.
Elle m'a toujours tout dit, et je connais la vie sexuelle de mon père par coeur, y compris ses tendances sado-maso et fantaisies diverses.
J'ai toujours raconté mes rêves à ma mère, pourtant, c'est très intime non ? Elle me les demandait pour qu'on puisse les analyser ensemble, à sa sauce bien sûr. Je ne supporte pas son odeur ni son exhibitionnisme. Encore aujourd'hui, elle se met nue devant moi, je dois lui demander de s'isoler pour se déshabiller.
Je ne supporte pas son contact.
J'ai retrouvé beaucoup de choses dans les témoignages, y compris le coup des suppositoires !
J'ai toujours été dans son camp, et aujourd'hui, c'est elle qui a du mal à couper le cordon. Elle m'a toujours dit que mon père était malade, mais que ce n'était pas de sa faute. Aujourd'hui, je me demande quelle est la part de manipulation, si c'était dans un but de se valoriser elle, de m'empêcher de m'éloigner d'elle, de faire front contre l'ennemi, mon père.
J'ai marché très longtemps dans son jeu, aujourd'hui, j'ai trente ans, je sais qu'il n'est pas net, et pourtant il m'a dit l'autre jour qu'il faisait partie d'une association contre la maltraitance des enfants !!
Je ne comprends plus rien.
Il est maltraitant, qu'est-ce qu'il fait là-bas ?
Quand à mon frère, dont j'ai toujours été très proche, il m'a un jour pénétrée avec ses doigts, un soir de fête. Est-ce que je dois considérer que c'est un accident de parcours ?
Lui m'inquiète. Je l'ai toujours idéalisé, et aujourd'hui, je me pose des questions sur l'éducation qu'il donne à ses enfants.
Il y a deux ans, j'ai réussi à obtenir une marque d'affection de mon père. Il est venu chez moi, après un ultimatum. Quand il est parti, je me suis automutilée, de façon irrépréssible alors, que sa venue me comblait de joie. Est-ce que ce n'est pas contradictoire ?
Je ne comprends plus rien. Je ne fais plus confiance à personne.
Depuis presque trois ans, je suis en dépression. J'ai quitté mon ami, et je me tourne actuellement vers les femmes. Pourquoi ?
Ces deux hivers, j'ai eu beaucoup de pensées suicidaires, presque en permanence. Ca va mieux aujourd'hui.
C'est le bordel dans ma tête. Je suis au chômage depuis un an. Je n'ai plus d'énergie.
J'ai pourtant vu un psy pendant deux ans, je croyais avoir avancé, je crois que je ne suis qu'au début de mon travail.