J'ai été violée par mon père en août 1978, j'avais 17 ans, mais toute mon enfance a baigné dans un climat incestueux.
Mon père faisait des séances de "chatouilles" et me tenait régulièrement des propos sexuels. Il avait une préférence pour les jeunes filles de 13 ou 14 ans, mes copines à cette époque l'intéressaient beaucoup. J'ai tu cette histoire jusqu'à l'âge de 40 ans à peu près ou j'ai fait une thérapie et l'ai dit à mes 3 plus jeunes sœurs. J'ai fait ma vie, mariage, enfants, repas de familles. Je ne voulais pas priver mes fils de tisser des liens avec un grand père, même si ça me coûtait. J'avais pris l'habitude de ne pas beaucoup tenir compte de ce que je ressentais. En novembre 2018, j'ai hébergé ma nièce de 20 ans et nous avons parlé. Elle m'a confié que, lors d'un été alors qu'elle était en maillot de bain car elle se baignait dans la piscine, son grand père lui avait fait des attouchements et tenu des propos sexuels, elle avait 8 ans.
Depuis, après explications, je n'ai plus aucun contact avec mes parents qui vivent à 7 kilomètres. C'était trop, il faut que la chaîne s'arrête. Mes parents sont encore vivants mais malades, mes sœurs et moi avons fait en sorte de les placer sous curatelle et tutelle. Sur les 4 filles, seule la plus jeune consent à leur téléphoner de temps en temps. Plus aucun de leurs 10 petits enfants ne leur adresse la parole. Seuls des infirmiers leur rendent visite 2 fois par jour pour des soins. De plus en plus d'ouvrages paraissent, la parole se libère doucement, tant mieux. Il faut poursuivre les personnes qui savent et se taisent (ma mère a su, elle a défendu son mari becs et ongles). Il faut que cela devienne un délit de ne pas dénoncer. Plus qu'une libération de la parole il faut instaurer un DEVOIR de parole.