C'est à la mort de mon bourreau que tout m'est revenu.
Je savais que j'avais été abusée par mon beau-père, mais j'en avais enfoui tous les détails au fond de moi et surtout je n'en parlais jamais. Lorsque j'ai appris son décès, sur le coup je n'ai rien ressenti, et puis dans les jours qui ont suivi, je me suis rappelée. La peur, la douleur, le déni de ma mère, puis les accusations, "c'est ta faute". Non, ce n'était pas ma faute, je n'avais que neuf ans. J'ai eu envie de leur dire à tous que je leur en voulais de n'avoir rien dit, d'avoir caché tout cela. Alors j'ai pris ma plume et j'ai écrit mon histoire. Mon livre [...] sorti en novembre 2021 raconte mon calvaire.
Et j'ai bien fait car encore maintenant certains réagissent mal. Ma nièce a 35 ans et elle a eu ces affirmations : "tu n'avais pas le droit de raconter ça, tu as sali la famille, c'est trop la honte !" Nous sommes en 2022, et encore maintenant des "abrutis" - oui, j'ose dire ce mot - affirment que parler va jeter la honte dans la famille. Que pouvons-nous faire face à tous ceux qui préfèrent la souffrance à la justice ? Le silence à la parole ? Eh bien justement, le crier bien haut et très fort, comme je le fais : "Non, je ne suis pas coupable, il n'avait pas le droit et VOUS n'avez pas le droit de vous taire". Merci de m'avoir lue jusqu'au bout.