Sans fin
Quand l'isolement devient insupportable, je vais parfois sur Internet avec l'espoir de trouver une adresse, un lieu....
Je vais avoir 70 ans, j'ai été mariée... Avec un prêtre, et j'ai deux fils qui ont eux-mêmes des enfants.
Depuis 1972, peu après la naissance de l'aîné, j'ai dû recourir à un premier psychiatre. Celui-ci m'a fait beaucoup de tort, ainsi que les deux suivants. Depuis 40 ans je vais 2 fois par semaine chez une psychiatre pour une thérapie analytique. Et je ne vois même pas le début du bout du tunnel.
Je vais tenter de vous résumer ma vie jusqu'à cette année 1976 d'abord.
Dernière d'une famille de 5 enfants, non désirée et surtout non désirée en tant que fille, je nais avec le cordon ombilical qui m'enserre doublement le cou. Ma mère était en deuil de sa propre mère, décédée 6 semaines plus tôt. Après ma naissance elle doit être hospitalisée ou en tout cas prendre du repos loin de la maison et je suis confiée durant ma première année à une ou plusieurs personnes différentes. La sensation d'être abandonnée ne m'a plus jamais quittée depuis.
Plus tard on me raconte que, quand j'étais petite, j'ai traversé quelque chose qui ressemblait à une dépression : perte de goût pour tout, même pour le jeu.
L'enfance se déroule plus ou moins normalement, mis à part une timidité énorme.
A l'âge de 12 ans, je commence à souffrir de violents maux de tête qui m'obligent chaque fois à me coucher et par conséquent à manquer l'école.
A l'âge de 13 ans, au cours de l'année scolaire, mon père m'annonce que je vais aller en internat, parce que je cause trop de soucis et de fatigue à ma mère. Je ne proteste pas, je suis muette. Justement j'oubliais de dire que ma mère me reprochait souvent de ne rien dire, et de refuser ses marques d'affection.
Quelques années plus tard je fais un retour au premier lycée, en externat, et là je commence à me sentir de plus en plus différente des autres, inférieure en maturité, intellectuellement aussi alors que j'étais une très bonne élève jusqu'à 13 ans. Les garçons sont comme invisibles pour moi, comme si nos chemins ne se croisaient jamais.
Je commence des études pour faire comme tout le monde mais sans aucune motivation. Deux ans plus tard ma soeur de 4 ans mon aînée, après de lourdes hospitalisations et des tentatives échouées, se suicide par barbituriques en arrosant ses vêtements de pétrole.
Un an plus tard, j'arrêterai mes études et je me trouve sans aucune raison de vivre. A moins que je puisse me marier, ce qui m'a toujours semblé indispensable pour assurer ma survie. J'épouse quelqu'un qui quitte la prêtrise, de 10 ans mon aîné. Et la vie redevient très vite l'enfer qu'elle était parce que j'attendais tout de cet homme et je m'aperçois qu'il ne peut rien. Hospitalisations en psychiatrie, enfants abandonnés comme je l'ai été, incapacité à les élever...
Il y a environ 20 ans, je réalise que j'ai été victime d'un viol, au cours de l'analyse.
Et depuis environ 2 ans, je sais que c'est un inceste commis par mon père et j'essaie de le réaliser de plus en plus. Mais la souffrance m'isole complètement des autres, de plus en plus.
D'ailleurs je peux dire sans aucune exagération que je suis incapable d'avoir une relation affective durable, de quelque ordre que ce soit.
Mon témoignage est long et pourtant bien incomplet, vous vous en doutez. Merci à ceux qui m'ont lue patiemment.
bonjour
je viens seulement de lire votre message
beaucoup de courage!!!
la société est aveugle
vous n etes pas seule c est ce que j essaie de me dire en lisant tous ces messages de longues agonies
bisous