J’ai 20 ans et je vous écris car l’anonymat me permet de laisser tomber les barrières de silence qui me pèsent, de laisser filer ‘’la jeune femme ‘’ forte et qui ne compte que sur elle-même comme pour venger la petite fille insouciante morte il y a des années de cela. Je vous écris parce que c’est difficile de vivre avec la peur, la honte et la culpabilité. D’avoir comme salit ma famille par ma simple existence…
J’avais à peine 6 ans quand mon oncle m’a forcer à le toucher, 14 quand je l’ai raconté à mes parents lors d’une crise de conscience. C’est le frère de ma mère, ayant perdu ses parents tôt il est sa seule famille. Il est handicapé mentale, ce n’est pas une pathologie sévère il a du mal à s’exprimer et ne peut vivre sans être assisté pour certaines choses.
Il savait que son acte n’était pas ‘’normal’’ alors pourquoi cette culpabilité me ronge, avait-il des sentiments ? Aujourd’hui a-t-il oublié ? y a-t-il une justification relative à son handicap ? Est-ce que je l’aurais provoqué sans le vouloir ? Mais surtout à qui ? A qui moi je peux en vouloir finalement de cette enfance entachée, de ces long mois de silence, de cette peur d’aimer, de cette répugnance à être touché, de la forteresse d’arrogance et de colère que je me suis bâtit pour protéger les morceaux de mon cœur.
Ce jour-là j’étais petite mais j’ai su instinctivement que quelque chose était mort en moi, un bout de moi n’existe plus. Suite à mes aveux ma mère ne le voit plus, il ne vient plus à la maison et personne ne m’en a jamais reparlé. Le silence qui planait autour de moi m’a profondément touché m’à briser le cœur une seconde fois.
En plus de devoir assimiler cet abus j’ai dut faire face à un certain déni de la part de mes parents et cela m’a donné le sentiment d’avoir causé une déchirure atroce entre ma mère et son frère. Un homme qui va mourir un jour comme tout le monde et qui n’auras pas eu de famille autour de lui ses dernières années…
Cela fait maintenant un ans que j’ai pris conscience de l’ampleur de ce geste grâce à la manifestation de crise d’angoisses. Le soir dans mon lit j’ai l’impression que mon cœur va s’arrêter que je vais mourir, mais aussi de quelques épisodes de spasmophilie, les joies d’un stress post traumatique….
J’aimerais dire à toutes les victimes d’inceste que mon cœur est avec vous. Que cet abus sexuel, de confiance et d’amour est peut-être l’épreuve d’une vie mais qu’il faut la relevé. Comme pour la plupart d’entre vous sur certains points je me suis faite toute seule, j’ai appris à ne compter que sur moi mais aujourd’hui je suis fatigué de ma méfiance. Parce qu’on a le droit et même le devoir de réapprendre à vivre et à aimer. Le chemin va être long mais j’ai lu quelque part que les plus belles victoires sont celles des combats censés être perdu d’avance.