Je voudrais pouvoir aimer le jour et sa nuit, la couleur de l’été quand il brille ou qu’il brûle. Je voudrais pouvoir aimer la laideur des hommes et supporter ainsi l’incisive piqûre de leur ego floué. Je voudrais pouvoir haïr l’étendue de mon ciel, la splendeur de ma mer, la beauté de l’amour. C’est le chant par-dessus les montagnes d’une vie ramassée que j’entends fricoter dans le fond de mon cœur. J’aime entendre le vent qui tempête à l’endroit dans un coin de ma tête, j’aime attendre sans toi que ma nuit se réveille, solitude imposée par le roi qui roupille. J’aime aussi quand la main du puissant ne sait pas que je veille, quand le fou qui m’habite ne peut pas m’embraser.
J’aime encore et toujours quand la mort qui m’obsède me regarde impatiente sans l’espoir de moi. Et pourtant le matin et mon cœur et ma main se délient chaque fois, un peu plus, un peu moins, pour donner à la vie moins de haine, plus de j’aime. J’aime le pas de vos heures trépidantes quand les miennes vacillent et se plaignent de leur incertitude. J’aime le feu qui bouscule et l’éclair qui s’impose mais n’aime pas l’orage qui s’enlarme et le temps qui s’enflamme. Si je pouvais aimer le contour de mon cœur, le rebours de la vie, la lumière dans leurs yeux…