Sueur froide
Voilà plus d’une semaine que ma petite puce, de 9 ans tout juste, m’a parlé de son papi « paternel » qui a mit sa main dans sa culotte à elle ! Un comportement m’intriguait fortement et c’est entre 4 yeux que je lui ai demandé si quelqu’un avait touché sa « quèquette ».
Au début, le cerveau s’affole, les nerfs se tendent et une sueur froide me parcours le corps. Je reste zen devant elle pour ne pas lui faire peur, mais le choc est bien là, je tremble et même si ma voix reste douce et calme, je tremble comme sous l’effet d’une décharge. Pas plus de questions, plus pour aujourd’hui, c’est bien suffisant pour moi et pour elle. Difficile d’accuser le coup en tant que mère, c’est à peine croyable. Elle m’a fait jurer de ne rien dire…
La visite d’une amie, le lendemain, m’a poussé à parler car je n’arrivais plus à contenir ma colère et ma profonde tristesse. Dire que ça va bien quand vous vivez cela, c’est impossible. Une injustice pour elle et pour moi.
Cet œil détaché m’a incité à lui poser des questions plus concrètes : où, quand, comment, souvent… Et mamie, où était-elle ?
« Dans le hamac, sur le canapé devant la télé… mamie faisait la sieste. Dès qu’elle arrivait, papi enlevait vite sa main et la remettait dès qu’elle tournait le dos. Je savais qu’il voulait pas qu’elle le voit… Je veux plus parler de ça, je veux oublier. Tu me crois maman ? »
A ce moment là, je me suis sentie fondre. Même si ma fille est très éveillée, affectueuse et très canaille, ça ne s’invente pas ! Toujours la tête froide et l’air de rien pour ne pas l’affoler, je lui ai juste répondu que sa maman la croyait et que plus jamais ça ne se reproduirait.
Quelques jours plus tard, j’ai également fait des découvertes (dessin : une main noire ; page d’écriture : plus jamais je ne mé les piés dans un amac ).
Elle ne voit ses grands parents que pour les grandes vacances (2 mois par an). Idem pour son père car je vis avec elle à l’étranger.
Jusque là, des rapports formidables, idéaux dans un cas de séparation. Une complicité hors du commun avec son père qui refait sa vie petit à petit. Une harmonie parfaite dans le seul souci du bien être de notre enfant.
Son père ne le sait pas encore, et personne ; excepté ma mère, mon ami qui est aussi le compagnon de jeu rêvé de ma fille et cette amie sur qui je me suis déversée (c’est bien le terme…).
Comment l’annoncer ? Comment tout cela va finir ?
J’ai RDV demain chez un psy pour enfants maltraités. J’aurai des réponses, des démarches à suivre, j’espère au moins. Je suis perdue même si je sais que j’irai jusqu’au bout !
Je vais trahir son secret (tant pis), elle ne verra plus son papi qu’elle aime tellement (tant pis)… Me le reprochera t-elle ? Et cette confiance qu’elle me porte et que j’ai peur de perdre… ?? Elle va se sentir coupable de tout, c’est évident bien que je me refuse à ce qu’elle endosse ce poids. Mais c’est surtout comment construira t-elle sa vie et sur quelle base envisagera t-elle ses rapports avec les autres ? Comment l’aider et comment être à la hauteur pour que cette épisode dans sa si petite vie ne l’empoisonne pas plus tard ?
Sueure froide
Témoignage
Publié le 05.04.2006