Un père alcoolique, violent physiquement et spychologiquement avec sa femme puis avec ses enfants.
Tous les prétextes étaient bons pour qu'il justifie tous ses actes, jusqu'au viol quotidien de ma mère. Les premiers souvenirs que j'ai de la sexualité sont des coups de poings, des cris, des larmes. Petite, je ne comprenais pas pourquoi ma propre mère me rejetais, pourquoi j'étais coupable d'être née. Depuis, j'ai compris, j'étais une fille.
J'ai aussi compris que malgré tous les actes de ce père, elle aimait cet homme par dessus tout. Aussi, lorqu'elle a compris qu'il abusait de moi, au lieu de me protéger, elle a dévellopé sa haine pour moi. Elle a considéré que moi une enfant, j'étais responsable de ce qui se passait. Et au lieu de m'aider, de m'aimer, de remplir son role de mère, elle m'a rejetée, éloignée de mes frères.
Je n'ai compris que très tard que cette femme ne voyait en moi qu'une rivale et pas sa fille.
Avant de le comprendre, j'ai fait tout ce que je pouvais pour qu'elle m'aime, qu'elle me donne un signe d'affection, qu'elle me reconnaisse comme son enfant. Qu'elle me reconnaisse comme une victime de maltraitances de la part de cet homme qu'elle aimait.
Cet homme est mort durant les fêtes de fin d'année. J'ai d'abord ressenti un grand soulagement, enfin, il ne ferait plus de mal à personne. Ne voyant plus ma mère, ni cet homme depuis 7 ans, je me pensais à l'abri, je pensais avoir réussi à me reconstruire. Ce n'était qu'une illusion, il a suffit d'un appel de ma mère pour que tout éclate. Il a suffit qu'elle me dise que j'étais une fille indigne, que je n'avais aucun repect, pour que je m'effondre. Et que je finisse par lui jeter à la figure que cet homme pour lequel elle aurait voulu que je lui tienne la main dans ses deniers instants de vie m'avait violé. Elle n'avait pas le droit de me demander d'avoir du respect pour lui.
J'ai compris à cet instant, qu'elle ne me considèrerait jamais comme une victime, que je n'aurais jamais droit de sa part à la plus petite marque de tendresse, d'amour.
Moi qui avait voulu croire que sa mort serait un soulagement, était la condition requise à ma guérison, et bien c'était une erreur. C'est du soutien de ma mère dont j'ai besoin, et que je n'aurais jamais. Elle préfère penser que je suis psychologiquement atteinte, ce sont ses propres mots.
Je viens d'avoir 40 ans, et je commence à douter qu'un jour je me réconcilierait avec moi même. Je me rends compte que je m'isole de plus en plus. Je ne sort quasiment plus de chez moi.
Et pourtant, je sais que je ne supporte pas cet isolement, j'ai besoin de contacts, de rencontres, d'amitiés et aussi d'amour. Mais comment me faire confiance ? Lorsque je regarde derrière moi, je m'aperçois que je choisis toujours des personnes qui ne m'aideront pas, qui ne me correspondent pas. Et ce n'est pas un reproche vis à vis d'elles. Le souci vient de moi, au plus je sents que ça n'ira pas, au plus je m'accroche. Ce qui m'amène aujourd'hui à penser de moi que je suis une envellope vide.
Témoignages femme : Comment rompre l'isolement dans lequel on s'enferme ?
Témoignage
Publié le 10.03.2006