J'avais 8 ans quand çà a commencé, 15 quand enfin j'ai décidé de parler. Aujourd'hui, j'en ai 20, et même si le temps est passé, la douleur est toujours présente. Sans doute avec beaucoup moins d'intensité qu'auparavant, mais la douleur de l'inceste c'est à la fois les actes commis par la personne, mais aussi et surtout la douleur de toute une famille.
En ce qui me concerne, c'était mon grand-père. Tous ces actes commis ne s'oublient pas, les images défilent inlassablement, sans que l'on puisse les contrôler. Aujourd'hui, je pense vraiment que la plus grande douleur de l'inceste, c'est la douleur de toute une famille. J'ai décidé de m'éloigner de mes parents en pensant qu'ils ne comprenaient pas ma douleur. Je voulais porter plaintes et mes parents ne le souhaitaient. Je ne l'ai pas fait pour le bonheur de mes parents, pour ne pas détruire le couple de mes parents. Mais cela a eu des conséquences beaucoup plus néfastes sur mon père qui est tombé dans la dépression de part mon éloignement. Il a fait le choix de couper les ponts avec ses parents, et en même temps mon éloignement l'a plus que déstabilisé. Aujourd'hui, il reste toujours des séquelles dans la famille. Je pense que c'est surtout lui qui a et qui souffre encore le plus.
Je continue mon combat avec l'espoir de pouvoir construire ma vie sur le plan affectif. Je n'ai pas à l'heure actuelle réussie à avoir des expériences durables parce que j'ai ce blocage en moi qui m'empêche de m'épanouir pleinement avec un homme. Je ne cesse d'y penser quand j'entame une relation. Je suis de marbre, terrorisée.Tous ces souvenirs sont présents et même si j'ai déjà eu un soutien psychologique, je pense qu'un jour j'entreprendrais une psychothérapie.
La douleur de l'inceste, c'est aussi et surtout la douleur d'une famille avant tout.
Témoignages femmes: l'inceste, et après?
Témoignage
Publié le 28.02.2006