Est-ce que la honte peut-être éternelle lorsque l'on décide à nouveau de mettre sa petite histoire au placard? Pourquoi au placard? Pour se plier aux désirs des autres et s'oublier soi-même, oublier que l'on a un corps et une tête et que dans la vie, on doit s'en servir constamment.
C'est ce que l'on appelle la liberté de penser par soi-même, et le respect de la dignité humaine.
Seulement voilà, lorsque l'on est encore adolescent et que l'on a pour seul repères ses parents, on préfère se fier à leur opinion qu'à la notre dont nous ne sommes pas suffisamment sûre.
C'est pour cette raison que l'on se dit que ses propres parents sont plus à même de gérer cette "histoire" que nous. Mais à 15 ans et de part la naîveté que les adolescents peuvent encore avoir et de part leur fragilité, on ne s'aperçoit pas du mal que ses propres parents peuvent faire en essayant d'étouffer cette histoire.
Le mal est inconscient parce que l'on préfère se dire que ses propres parents agissent pour notre bien alors qu'en réalité ils vous emmènent vers un gouffre.
C'est comme cela qu'à 15 ans, alors que j'ai dévoilé les attouchements et agressions dont j'avais été victime de mes 8 à 14 ans, que mes parents m'ont fait comprendre qu'il fallait que je me taise. Ils avaient HONTE, honte de ce que ce fouttu grand-père avait fait, tout en lui accordant quelques faveurs parce que je n'avais pas bien réagi et compris plus tôt.
Merci papa, de m'avoir dit : "tu es responsable à 50 % de ce qui s'est passé".
C'est à partir de ce moment là que j'ai commencé à ne plus croire en toi et aux valeurs d'une famille.
Merci d'avoir tout fait pour que je me taise, çà m'a aidé à commencé à vous détester. Car je ne me taisais pas au lycée, je le criais sur tous les toits. Je n'avais que cette solution pour être reconnue en tant que victime.
Aujourd'hui, à bientôt 22 ans, et quand je vois le chemin que j'ai parcouru, je me dis que j'aurais pu très mal réagir et avoir des séquelles plus graves. Parce que grâce à ma psy, j'ai aussi pris conscience à quel point tu m'avais emmené vers une place papa, que je ne devais pas prendre : celle de ton épouse.
Tu m'as étouffé, tu m'as empêché de me tourner vers le monde extérieur à cause de ta fouttue dépression et en te prenant pour la 1ère victime de cette histoire.
Aujourd'hui, j'ai du mal à me laisser prendre par les sentiments et je comprend pourquoi. Tu m'as bouffé.
Aujourd'hui, même si tu m'as fait une menace au suicide, j'ai l'intention de porter plainte parce que durant ces 7 années, s'il y a un constat à faire, c'est que vous avez toujours HONTE de votre fille alors que la manière dont elle a réagi était naturelle parce que c'était son grand-père et qu'elle a été aveuglée par cet "amour".
La vérité c'est moi qui la détient et sûrement pas vous, vous ne savez pas la moitié de ce qui s'est passé. Comment avez-vous pu me juger uniquement par des paroles, alors que c'est vous qui m'avez élevé depuis la naissance, vu évoluer...
Si je décide aujourd'hui de porter plainte, ce n'est certainement pas par gaieté de coeur, c'est mon ultime recours pour que cette histoire soit enfin dévoilée dans sa vérité et que pour la 1ère fois, l'on puisse me reconnaitre enfin victime.
Car quand ses propres parents ont HONTE de leurs propres fille, ne croyez-vous pas que cette dernière a également HONTE d'elle-même?
Témoignages femmes: La honte à jamais gravée?
Témoignage
Publié le 10.03.2006