J’avais 8 ans quand ma mère s’enfuit avec son amant. Elle quitta la Lorraine pour s’installer à Paris, loin de son mari, elle n’avait pas un sou.
Elle me mit dans un orphelinat, et prit un travail de bonne dans le 16ᵉ arrondissement de Paris, un immeuble bourgeois, où on lui laissa occuper une chambre de bonne. Elle vivait là avec son amant, dans une seule pièce, et le week-end, elle me faisait revenir de la pension de Rambouillet.
Elle me faisait dormir à côté d’eux, c’était très inconfortable, ils n’avaient pas le choix, mais au milieu de la nuit, ils commencèrent à faire l’amour, me croyant endormie, je sentais bien qu’il se passait quelque chose d’anormal, A cet âge, et à cette époque, je ne savais pas ce qu’était le sexe. De culture catholique, les petites filles étaient très éloignées de ce genre de préoccupations. Quelle fut ma surprise, lorsque ma mère prit ma main, et la mit sur le sexe de son amant, une chose longue et dure, dont je n’avais aucune idée, j’entendais leurs halètements, j’étais pétrifiée.
Cela ne se produit qu’une seule fois, mais je n’arrivais pas à l’oublier, à l’orphelinat, qui n’étais pas un endroit gai par nature, j’étais la plus triste des petites filles, au point que la maitresse fit appeler ma mère, lui demandant pourquoi j’étais si triste et si isolée, je ne jouais jamais avec les autres. Elle ne répondit pas, soit parce qu’elle ne voulait pas répondre, soit qu’elle pensait que ce geste était anodin, et que je dormais.
Quelques années plus tard, lorsque j’eus 13 ans, nous avions déménagé à la campagne en Lorraine, et nous avions une petite maison, avec deux chambres, une pour ma mère et son amant qui était devenu son mari, et une pour moi et ma sœur qui devait avoir 8 ans.
Nous regardions tous la télévision dans ma chambre, sur deux lits, avec des couvertures, car il faisait très froid à cette époque en Lorraine, et petit a petit, mon beau-père, à côté de moi, commença à me caresser avec ses pieds contre mes jambes, puis petit a petit, sans rien dire, il monta sa main plus haut. Ceci très discrètement, sans que les autres, c’est-à-dire ma mère et ma sœur ne s’aperçoivent de quoi que ce soit.
Puis ne sentant pas de résistance, il opéra près de mon sexe. Je ne disais rien. J’avais envie de vomir, mais je savais qu’il ne fallait pas que je réagisse, car cela aurait causé un drame, peut être, car la réaction de ma mère aurait pu être la non-réaction.
Puis, après ses séances d’excitation, il vint me rejoindre la nuit, il se mettait derrière moi, et se frottait, il posait son sexe, près de mon vagin, sans le pénétrer complètement. Il revenait après avoir éjaculé, dans le lit de ma mère, qui ne se réveillait pas ou faisait semblant de dormir.
Cela dura deux ans, à 15 ans, ma tante, qui au cours d’un séjour chez nous, se douta de quelque chose, m’invita à la rejoindre pour les vacances en Algérie, car elle était mariée à un pied noir. Cette année, j’étais à l’aurore de ma beauté, j’avais la beauté du diable, un jour que j’étais seule à l’appartement, mon oncle entra dans la salle de bain, et me viola, cette fois-ci je perdis ma virginité.
Je n’ai là non plus pas réagi, ni me suis opposée, mon oncle représentant un bel homme riche dont j’étais l’invitée. L’année suivante au cours d’un voyage en France, il m’appela pour me revoir, je lui dis non.
Depuis, je n’ai jamais formé de famille, j’ai une fille, que j’adore, mais elle aussi à des difficultés à être heureuse. Je me suis toujours sentie inférieure, sale, incompétente, mais j’ai fait un gros travail avec mon psychanalyste, je suis devenue bouddhiste, cela m’a beaucoup aidé.
Je me bats aujourd’hui pour faire reconnaitre le viol et surtout l’inceste comme un crime, j’adhère aux associations qui défendent cette action. J’ai écrit un livre « la CHUNGA « qui traite de ce sujet et raconte les difficultés sentimentales que j’ai eues par la suite.
J’ai plusieurs revendications :
- Que les maitres soient formés à repérer les cas d’inceste. Actuellement les visites médicales dans les crèches sont inexistantes. Ils doivent faire un examen du corps des petites filles et des petits garçons, ainsi qu’a l’école et au collège.
- Une petite fille ou un petit garçon qui ne joue pas, qui ne sourit pas, qui a peur quand on l’approche, qui est en séduction perpétuelle, qui n’a pas envie de rentrer à la maison, qui ne veut pas rester seul avec un de ses parents, il faut savoir que c’est les strates de l’inceste.
- Que la majorité sexuelle soit à 15 ans, sans recherche de preuve du non-consentement, avant on s’éveille à sa féminité ou sa masculinité on la jauge, on l’essaie sur les adultes, cela ne veut pas dire que l’on veuille des actes sexuels pour la bonne raison que l’on ne sait pas ce que c’est, à quoi ça engage quand on le fait trop tôt.