Victime de mes frères

Témoignage Publié le 17.11.2021

Bonsoir. Il m'aura fallu 40 ans pour arriver à en parler à une psychologue.

C'est elle qui m'a convaincue de parler de ce qui m'est arrivé alors que je n'avais que 9 voire 10 ans (je ne me souviens pas exactement de l'âge que j'avais mais je sais que ça s'est passé et que je ne l'oublierai jamais) .J'ai été abusée à plusieurs reprises par mes frères aînés et je n'ai jamais rien dit ou jamais rien fait pour empêcher ça. Nous avons été élevés dans un milieu de violence quotidienne et je servais de bouclier pour les protéger car mon père ne m'a jamais battue, mais ma mère et mes frères l'ont été quasi tous les jours. Alors quand je pouvais prendre la responsabilité de leurs bêtises, je le faisais, comme ça mon père ne se défoulait pas sur eux. Je les protégeais mais qui me protégeait, moi ? Je leur servais de monnaie d'échange quand ils voulaient obtenir quelque chose et je n'ai jamais rien fait pour empêcher ça.

Je me sens sale à l'intérieur de moi et rien ne pourra changer ça. Je me considère comme ces femmes qui n'ont pas d'autre choix que de se prostituer pour survive. Je n'étais qu'une "sale pute" (excusez l'expression mais c'est ce que je ressens) alors que je n'avais que 9 ans. Comment vivre avec ce sentiment de haine mais aussi d'amour que je ressens pour mes deux frères aînés qui ont détruit ma vie de femme en rendant le rapport que j'ai avec l'acte sexuel aussi difficile ? Je n'éprouve aucun plaisir lorsque je m'offre à mon mari et je me sens comme de nouveau violée à chaque fois, mais je ne peux pas faire l'impasse à chaque fois qu'il est demandeur. Comment dire à son mari qu'on a été un objet sexuel dès l'âge de 9 ans et qu'aujourd'hui on ne veut plus que rien ne pénètre en soi ? Aujourd'hui ces souvenirs me détruisent, je voudrais ne plus exister pour ne plus ressentir cette honte qui est en moi. Je voudrais ne plus exister pour ne plus souffrir, mais j'ai fait l'erreur de parler de tout ça à la psychologue (qui soit dit en passant est super). Je suis donc suivie médicalement pour un syndrome post-traumatique qui continue, malgré tout le travail que l'on peut faire, à me hanter jour et nuit, jour après jour.