Si mon histoire, aujourd'hui n'est pas ce qu'il y a de pire, elle me hante néanmoins et jespère qu'elle me libèrera comme elle pourrai vous être bénéfique. Et si vous me dites " à 6 ans on a pas conscience de ces choses là" je vous repondrai sans ambage: à 6 ans, l'amour ne compte pas moins qu'avant ou qu'après." Petite, comme tous les enfants, j'aimais aller chez mes grands-parents. De l'armoire à bonbons à la balançoire dans le jardin, tout y était pour nous rendre heureux, mon frère, ma soeur jumelle, et moi. Comme chez beaucoup également, les grands-parents sont des gens que l'on considère pleins de sagesse. Ils vous offrent des cadeaux, des bonbons, des sous( et oui, meme petite je faisais des "zéconomies") :)
J'avais cette complicité avec celui que j'appelais "Papy". Il prenais toujours mon parti quand on jouait, passait son temps à m'offrir des cadeaux en cachette, m'apprenais des grossieretés qui m'étaient interdites. C'était mon Papy... Aussi, j'ai créé ce lien avec mon Papa. Le fils de mon Papy. Je passais des journées entières à l'admirer, à apprendre ses mouvements lorsqu'il travaillait, à observer ses tiques et ses delires. Il jouait avec moi à la bagarre. Il dessinait, il avait cette manie que j'ai attrapé de coincer sa langue dans ses dents lorsqu'il se concentrait. C'était mon Papa et il était exceptionnel. Il l'est toujours d'ailleurs et il sait que je l'aime inconditionnellement.
C'est alors qu'un jour, en 1998, un 28 mai exactement, mon arrière grand-mère maternelle est tombée gravement malade. Mes parents ont alors dû la rejoindre dans un pays étranger, nous confiant à mes grands-parents ( paternels). Mon frère aîné, car plus grand, était parti avec eux. J'avais 5 ans. NOUS avions 5 ans, ma jumelle et moi, ce soir là. Ma grand-mère, elle aussi était gravement malade, et était donc à l'hopital. Nous étions confiée à mon grand-père et ma Marraine. Nous avions coutume de regarder la télé avant d'aller dormir. En plein milieu de l'émission, Papy a demandé qui dormait où? Le plan était de dormir à 3 dans un lit une place, ma soeur, ma Marraine, et moi. Fan invetérée de mon grand-père, j'ai eu pitié de lui lorsque j'ai compris qu'il dormait seul. Sur ses genoux, de surcroît, j'ai hurlé: "Je dors avec Papy". Nous sommes donc montées nous coucher en toute bonne foi.
"Papy" est alors monté se coucher à 21:04 exactement. Je me souviens de ce reveil rouge qui clignotait sur la table de nuit. Je m'en souviendrai toute ma vie. J'ai donc fermé les yeux et fait semblant de dormir pour ne pas me faire enguirlander. Erreur, il y a tellement cru qu'il est arrivé ce qui est arrivé. Cette nuit là, j'ai compris la sexualité pour la première fois. Cette nuit là mon dernier souvenir fut celui du reveil qui indiquait 6h34.
Le lendemain matin (donc quelques heures après) fut un reveil difficile. Ce matin là, devant mon bol de céréales, ma vie a changé du tout au tout: ma soeur, qui dormait à 2m de moi cette nuit là, m'a paru un énorme soulagement. Je ne savais pas ce qui m'était vraiment arrivé. Je savais juste que c'était mal. Et puisque ça n'était pas arrivé à ma soeur, je ne pouvais que m'en réjouir. Ma 2nde Marraine est alors entrée dans la cuisine. Lui racontant, elle a simplement répondu: "c'est pas grave, tu dis rien et on verra avec Papy". C'est en effet ce qu'il a préféré me dire lui aussi:"c'est un secret avec Papy, maintenant tu dis rien, et on va chez Georges".
J'm'en souviendrai aussi, de chez Georges. Le meilleur ami de mon grand-père, mon second bourreau. Chez Georges, il y avait aussi Manuel, et Bertrand. Peut-être y en avait-il d'autres, peut-être pas. Tout ce que je sais, c'est que la sexualité s'est encrée une seconde fois, en moi, mais la violence en faisait partie. "C'était un secret, hein?" Alors 2mois durant, j'ai vécu et revécu ces scènes. Cela faisait partie de mon quotidient, cela me degoutait, mais pour Papy... Et puis un jour, mon frère aîné a demandé à Maman ce qu'était un abus sexuel. Je suis une fille à période vous savez, les phrases fetiches du moment. Lorsque ma mère a répondu: "c'est quand un monsieur, ou meme une madame, touche ce qui est à toi. C'est ton corps, ça t'appartient, ils n'ont pas le droit."
Ma période du moment c'était" bah moi ça m'est deja arrivé, euh !". Je disais bien sûr ça quand c'était la verité. Ma mère m'a regardé et m'a dit:"ne racontes pas de bêtises". Mais c'était vrai. C'était la simple et pure vérité. Alors elle a reveillé mon père, et j'ai dû lui montrer exactement tous les gestes que j'avais l'habitude de faire. Mon père est parti chez ses parents, alors que ma mère hurlait: "TON PERE EST UN PEDOPHILE!!". Lorsqu'il est revenu, j'ai juste compris que mon "grand-père gisait, en sang, dans sa cuisine. Mais pas mort...
Mes parents ont alors porté plainte. Contre mon grand-père, pas contre les autres, puisqu'ils ne l'ont jamais su. Il a écopé de 18mois de prison, avec sursis, et 1000 francs d'amende qui m'ont était versé sur un compte juridique bloqué jusqu'à ma majorité. Mais l'histoire n'est pas la pire. Je crois que le pire c'est de continuer à vivre avec: l'injustice de sa peine, la culpabilité (car oui, J'ai décidé de dormir avec lui), les conséquences(puisqu'il faut savoir qu'on ne vit plus jamais pr soi, mais pour les autres,à partir dece jour là),et les sequelles. Aujourd'hui, et depuis ce moment là, j'ai brisé ma vie, ma famille, mes amis, et l'innoncence des enfants.
Alors, quel est le moyen que vous avez trouvé pour y remédier..? Le mien? L'amour de soi à travers l'amour des autres =)
Bonjour, j'ai lu et relu votre témoignage… Notre petite fille avait 4 ans lorsqu'elle a parlé de papi. Elle en a 5 aujourd'hui, une procédure est en cours et elle souffre de ne plus le voir, de ne plus voir personne de sa famille d'ailleurs car tous se sont détournés de nous. Nous avons scrupuleusement suivi ce qui nous était conseillé : ne rien dire à la famille, ne rien dire au présumé coupable, laisser faire la justice. Alors nous attendons. Nous espérons chaque jour que notre fille en grandissant ne nous en voudra pas de l'avoir éloignée de sa famille, de ses grands parents qu'elle chérissait, de ce papi qu'elle adorait. Elle traverse aujourd'hui une période de culpabilité … à 5 ans !!! Elle ne veut pas qu'il soit puni car dit-elle : "Papi dira que c'est ma faute s'il est puni"… Voilà où nous en sommes et je l'avoue nous sommes perdues… Bien à vous.