COMPRENDRE, C’EST PARDONNER

Témoignage Publié le 04.03.2007

Je ne te comprends pas, ma mère

Je ne te comprends pas, ma mère,
Toi, qui as fait ce geste humanitaire
Toi, qui m’as sauvée de ma misère
Toi, qui as signé cet acte d’amour
Censé offrir du bonheur

Toi, qui m’as tendrement adoptée
Moi, qui me suis si vite adaptée
À ma nouvelle vie en France
N’était-ce pas une sacrée chance !
Toi, la mère de mon tendre cœur
Que j’ai appelée maman avec ardeur

J’ai osé crever l’abcès
Purulent qui pourrissait
Réunion de famille après les vacances !
Je suis sortie de ce lourd silence
Pour qu’enfin ce crime odieux cesse !

Tu m’as immédiatement accusée
Alors que j’étais déjà brisée
Le ciel t’était tombé sur la tête !
J’étais victime d’inceste

Ce n’était que la stricte vérité !
Sale Vérité qui te dégoûtait
Il avait avoué son crime
Et pourtant j’ai perdu ton estime

C’était le plus grand des paroxysmes !
Toi, victime de violence conjugale
Moi, victime du grand-père maternel
Abandonnée une première fois
Tu m’as abandonnée une seconde fois
Dans ce terrible drame !

J’ai eu le courage de vous défier
Alors tu as préféré me sacrifier
Au nom de ton mari et de ton père
Dans cet horrible calvaire
Au nom de cette putain de réputation
Famille, plus chère à tes yeux
Que ta fille, prunelle de tes yeux
Qui ne demandait que ton affection

Mais, pourquoi maman
Pourquoi m’as-tu laissée maman ?
Je n'avais rien fait maman
Je n’ai que subir maman
Je ne souhaitais que ton attention
Ta compréhension, ta protection

Pour moi, tu es double trahison
J’étais comme dans une prison
Dans cette grande maison
Je suis à nouveau orpheline
Je connais cette rengaine
Je ne ressens que rancune

Je ne te comprends pas, ma mère
J’ai beau te chercher une excuse
Je ne trouve que la méprise
Je suis tellement amère
J’ai beau débiner, ne pas t’incriminer
Je ne parviens pas à te pardonner