Des sensations, pas de souvenir encore

Témoignage Publié le 20.04.2006

Depuis longtemps persuadée dans le secret de mes pensées que mon père "n'est pas clair", qu'il est "glauque", que je n'aime pas être seule avec lui, qu'il m'inquiète...
une histoire en forme de ruptures, de conflits, de peurs. Il est loin de moi aujourd'hui et pourtant...J'ai trois enfants, un amoureux très amoureux. Je suis heureuse mais... toute mon histoire récente et d'adulte se résume dans ce "mais".

J'ai démarré un travail avec un psy parce qu'au coeur de moi j'ai une boule de tristesse incommensurable, ineffable, j'ai des peurs irraisonnées. Des sensations reviennent au coeur de la nuit. Je n'ai aucun souvenir visuel et pourtant je me mets à trembler dès que je parle de lui, et pourtant tous les témoignages lus me vont droit au coeur, et pourtant j'ai quelques blocages dans l'intimité... J'ai 31 ans et je sens que cette grosse boule de terreur est en train de prendre forme. C'est réconfortant de reconnaître cet état sans que je bascule dans la peur d'affabuler et en même temps c'est terriblement flippant. C'est une période difficile que cette quête de souvenir en sens inverse. Mémoire présente et défaillante tout à la fois. Je compare ça à un chantier archéologique avec la peur au bout qu'il n'y est rien et que je me sois raconté cette histoire de toutes pièces. Je commence tout juste à me croire et à oser le dire au psy. C'est vraiment dur et difficile. Les sensations de peur et de tétanie reviennent intactes comme si rien de ma vie de ces dernières années n'avait fait trace. Je me retrouve comme enfant perdue au milieu de mon lit tétanisée par la peur, dans l'impossibilité de bouger par l'angoisse alors même que je sais que je suis seule chez moi, que mon père est loin, que mes enfants dorment et que je n'ai aucune raison d'être affolée à ce point. De là s'installe la peur d'être folle ou dérangée, d'être affabulatrice parce que si on me demande pourquoi je vis ça, je ne peux que répondre que je ne sais pas. Accuser mon père m'est impossible sauf avec mon compagnon et des amis proches. Sinon j'ai peur que l'on me demande ce qu'il m'a fait. Que voulez-vous que je réponde? Je n'ai aucun souvenir "à raconter"... C'est un puzzle sans modèle. L'image finale échappe.
Bon courage à toutes celles et ceux qui éprouvent ce même malaise. Les témoignages lus sont porteurs de réconfort même si on ne sais pas toujours pourquoi on va sur ce site là particulièrement. De toutes façons ces histoires vivent au fond de nous qu'on le veuille on non. On peut les nier mais elle reviennent dans la vie quotidienne, le vie amoureuse. Je n'aurais jamais cru que l'on puisse refouler à ce point...

Nous en parlons
E
EVE735
Publié le 26.09.2013
Inscrit il y a 12 ans / Nouveau / Membre

Courage
moi aussi pendant longtemps j'ai oscillé entre croire que j'étais folle et qu'il s'était bien passé quelque chose. Puis j'ai été au groupe de parole et j'ai lu les témoignages je m'y suis reconnue avec tant de force que mon déni a du reculer.Pour finir le livre de murielle salmona a remis de l'ordre dans mes pensées et m'a permis de reconnaître que je ne suis pas folle, je suis traumatisé et que les choses bizarre que je me raconte, je vis viennent de ce traumatisme. Depuis je me sents plus forte prete à me battre contre le monstre qui m'a pourri la vie prete à me souvenir.