Ecorchée vive

Témoignage Publié le 16.03.2019

Ecorchée vive

J'avais 12 ans quand mon père venait la nuit, dans ma chambre, sous couvert de border ses enfants (père exemplaire cela va de soit...) , me caresser, me toucher. Au début, des caresses anodines, cheveux, dos, puis pendant mon sommeil ses mains sous ma chemise de nuit, puis dans ma culotte. La boule au ventre j'ai demandé à dormir dans la chambre de ma petite sœur (entre filles quoi...), pensant naïvement que tout s'arrêterait ! Mais vient la période où il me traquait, quand j'allais faire ma toilette, le samedi matin quand ma mère était au travail, quand ma petite sœur dormait encore ! J'étais pétrifiée, je ne comprenais pas, mon père si gentil, par rapport à ma mère maltraitante et tyrannique.

Et puis viens LE jour !!! Ce jour où tout à basculé.
Ce jour qui à signé l'horreur de rouge ! Rouge comme mon sang, couleur de ma virginité perdue, salie, souillée, le long du lavabo, sans un mot, furtivement dans la salle de bain familiale... Ma tête qui bourdonne... Mon cœur qui éclate et qui déjà sait que ce n'est que le début d'une longue , trop longue descente aux enfers. Après ÇA !!! Je ne me lève plus le samedi matin ! Je reste dans mon lit tétanisée, j'entends ma petite sœur qui dort tranquillement dans son lit ! Mon père emmène ma mère au travail et revient à la maison !!! J'entends le bruit du moteur se garer ! J'entends les marches de l'escalier ! 
J'entends la porte s'ouvrir doucement !
Je fais semblant de dormir et je prie tellement fort que mes paupières me font mal.
Il n'osera pas, avec ma petite sœur qui dort dans son lit, si près et finalement si loin !?!
Il me secoue, me dit : "Viens - Chut"...
J'aurai pu, j'aurai du, dire NON ! 
Mais je me lève, soumise, face à l'autorité du père... Il m'emmène dans le lit parental et me viole, toujours derrière moi, dans mon dos, moi poupée désarticulée qui ne dit rien et qui attend que ça s'arrête vite... Le liquide chaud sur mon dos et sa voix qui me dit : " va te laver avant que ta sœur se lève !" 


Et tout les samedis, pendant 3 ans, je suis morte à petit feu !!! 10 ans d'anorexie, de mal en tout genre... Mon corps entier criait cette infamie par tout les pores de ma peau.
Quand j'ai eu 23 ans, j'ai porté plainte, il m'en à fallu du temps et du courage ! C'est quand je suis devenu maman que j'ai compris le besoin, la nécessité de parler... De jeter ce poids gardé pendant trop longtemps sur les épaules... En sortant du commissariat, brisée, épuisée, comme si j'avais dû, MOI  la victime, justifier l'horreur !!! J'ai appelée ma mère, pour la prévenir ! Pour ne pas qu'elle s'inquiète, ou même qu'elle en meurt ! Ma mère !!! Que j'ai protégée pendant des années, de peur qu'elle ne survive pas à tout ça ! Ma mère et sa seule réponse, froide, sans sentiment : " mais tu ne peux pas faire ça ! Si tu portes plainte, ton père ira en prison ! Et si il va en prison, qui paiera la maison, la voiture !?!"
Forcément je m'insurge !!! Je pleure, le souffle coupé... Je réexplique, peut être n'a t'elle pas compris !?? Mais cette phrase, SA phrase qui ne laisse plus aucun doute et me déchire de l'intérieur : " ce qui était fait ailleurs, je n'avais pas à le faire !"

Alors je comprends, douloureusement !
Toutes ces années de silence pour l'épargner elle, et finalement elle savait et à laissé faire !
J'ai failli basculer... Je me suis presque laissée mourir de faim et de désespoir... Je ne voyais pas l'issue...
Et un jour mon fils de 3 ans court vers moi et me saute dans les bras... Mais je n'ai plus la force de le porter... Et là je me dit que moi, je serai une bonne maman, la maman aimante et bienveillante que je n'ai pas eu...

Un ans de procédure, longue, difficile, dure, où je fais face à toute la famille qui d'un seul coup fait bloc pour me piétiner et me faire passer pour folle et menteuse... Comme il fait noir quand tu es perdue, sans repères, le visage marqué par mes démons. Oui j'ai failli péter les plombs... Moi pauvre pot de terre contre le pot de fer ! Parole contre parole ! Pas de preuves matérielles à apporter au bout de 10 ans. Un père et une mère qui font bloc... Verdict : " malgré les nombreux doutes, la loi et très claire, les doutes profitent à l'accusé ! Que chacun rentre chez soi et les moutons seront bien gardés !" 

Un ans de thérapie, une volonté de m'en sortir, de briser le maillon familiale, une résilience à toute épreuve et me voici aujourd'hui à 39 ans, maman de 2 garçons magnifiques, accompagnée d'un homme formidable...

Aujourd'hui si je dis que je vais bien c'est que tout le temps derrière moi, tu peux croiser les miens. Je rends hommage à ceux et celles qui m'encouragent, les seuls qui peuvent prétendre faire parti de mon entourage... De cette époque, j'ai comme perdu la mémoire et du passé je ne garde que ce qui m'a donné espoir ! J'espère qu'à travers mes mots, je pourrais aider certains et certaines d'entre vous... Le combat est long, semé d'embûches mais le plus important c'est vous !!! Vous êtes VOUS et soyez Fortes... Parce qu'on est des guerrières ! Parce qu'avec tout ce que l'on a vécu, on est toujours là, debout. Peut être de travers avec nos difficultés à avancer normalement mais on est LÀ et on est en vie !!!
On est des vraie guerrières...

Vous êtes belles, vous êtes fortes, vous êtes des lionnes et je suis fière de NOUS !!!

Nous en parlons
F
Femmedevaleur
Publié le 03.04.2020
Inscrit il y a 6 ans / Actif / Membre

Ton témoignage me touche bcp, moi-même ayant étais agressé par mon géniteur et ma mère qui était complice qui na pas bouger le petit doigt pr me sauvé.
Il ma volé moi aussi ms virginité, mais sa je ne l'ai jamais dis à personne, trop peur de pas être cru .