L'amnésie traumatique

Témoignage Publié le 16.12.2017

L'amnésie traumatique

Il m'a fallu 30 ans et un divorce pour que ma conscience s’ouvre et que je sorte de mon amnésie traumatique. J'ai toujours senti que quelque chose s'était passé quand j'étais enfant car je n'ai que très peu de souvenirs de mon enfance et j'ai toujours senti une profonde tristesse en moi et un mal être que j'étais incapable de m'expliquer. Ma vie sexuelle était chaotique sans que je ne puisse comprendre pourquoi. Je pensais avoir un problème mais je ne comprenais pas d'où venait l'origine de mes difficultés.

Tout a commencé suite à une thérapie par hypnose pour surmonter l'épreuve de mon divorce. Cette thérapie m'a fait beaucoup de bien mais elle a aussi ouvert une brèche. J'ai commencé à avoir des régressions seule chez moi, des flashs, des sensations, je revivais les agressions de l'époque en visuel, en gestes, en sons. J'ai cru devenir folle pendant de longs mois et c'est grâce à mon fils et à mon compagnon que je suis encore là. J'ai été accompagnée par une psychologue d'un planning familial qui a su m'écouter et mettre des premiers mots sur ce que j'avais vécu. Je me suis ensuite orientée vers la psychanalyse et c'est grâce à ma thérapeute que ma prise de conscience a été encore plus réelle. J'ai réalisé que j'ai grandi dans une famille incestueuse et incestuelle.

Mon père a abusé de moi quand je devais avoir 5-6 ans et m'a violée quand j'avais 12 ans. Ma mère n'a rien fait pour me protéger, elle a même participé à ses abus par ses paroles et ses actes. J'ai le souvenir d'avoir été obligée d'assister à l'un de leurs ébats sexuels lorsque j'étais petite. J'ai été suivi par un psychiatre que mon père consultait, il m'y a emmené lorsque j'avais 5 ans car je lui ai dit que je voulais mourir. En sortant de cette séance le psychiatre de mon père lui a dit en rigolant "faudrait peut être arrêter de la violer cette petite". Je suis retournée le voir à mes 11 ans quand mon chien est mort et ce psychiatre m'a demandé au début de la séance "comment ça va Claire ? Ton père continue de te violer tous les dimanches?". Ce médecin supposé me protéger savait mais n'a rien fait pour m'aider et a continué de suivre mon père pendant 25 ans. C'est même vers lui que je me suis tournée pour mon suivi thérapeutique après mon divorce. Il a également suivi mon ex mari et mes parents en même temps. Quand j'ai osé lui parler de mes souvenirs il m'a dit que je fantasmais. Il a protégé mon père pendant toutes ces années.

Lorsque j'ai commencé à parler de mes souvenirs d'abus sexuels à mes parents ils m'ont demandés s'il y avait eu pénétration, et mon père m'a fait lui jurer que je savais que ce n'était pas lui sinon il n'avait plus qu'à se suicider. Il m'a harcelé moralement pendant des semaines en venant chez moi et en m'appelant tous les jours pour savoir de quoi je me rappelais. Aujourd'hui mon père est hospitalisé en hôpital psychiatrique car la libération de ma parole a provoqué chez lui une énorme crise de psychose (mon père a une pathologie que l'on appelle la paranoïa). Ma mère a nié les faits, elle est dans un profond déni et a choisit de soutenir son mari plutôt que sa fille. Je n'ai plus de contact avec mes parents ni avec le reste de ma famille sauf ma demi sœur avec qui j'essaie de garder un lien. Je prends conscience de la réalité de ce qu'à été mon enfance et ses parents que j'avais idéalisés ; des parents en fait manipulateurs qui ont fait de moi leur chose, allant jusqu'à me faire oublier qui j'étais réellement. Je me suis pliée à leurs exigences pour avoir leur amour.

Ma reconstruction sera longue et difficile mais je m'accroche. Je veux venir en aide à mon tour, faire entendre ma voix pour tous les autres qui n'osent pas encore parler. Je vis au jour le jour et ce combat est aujourd'hui aussi le mien.

Nous en parlons
F
Femmedevaleur
Publié le 27.10.2018
Inscrit il y a 6 ans / Actif / Membre

C'est dingue ton histoire ressemble tellement a la mienne, quel spécialiste as tu vu pr ta mémoire? Moi ce qui m'aide c d'aller à l'église car on parle de dieu le père comme un bon père et pas comme notre géniteur c'est ce qui m'aide au quotidien .

E
EloCution
Publié le 09.08.2018
Inscrit il y a 5 ans / Nouveau / Membre

Comme je te comprends . Moi même j'ai coupé tout contact avec ma famille pour les mêmes raisons . Ma mère aussi à préféré soutenir mon père , elle savait , elle a laissé faire . Ma famille disfonctionnelle ne me manque pas , ce qui me manque c'est d'avoir UNE FAMILLE ! PJe me suis construite la mienne , j'ai un mari formidable , 2 garçons magnifiques et des amis (es) sincères .
Notre reconstruction est longue mais pas impossible . Nous sommes debout ,vous sommes vivants et nous avons plus que le droit de vivre enfin .