L'incestigatrice

Témoignage Publié le 08.12.2006

L’incestigatrice

Ma mère. Je réalise à peine et non sans peine l’inceste platonique dont j’ai fait l’objet de la part de ma mère. J’y avais bien mis des mots sur cette relation qui m’apparaissait ambiguë et malsaine mais surtout par le fait qu’elle m’avait investie, pensais-je, de la mission de la "soigner"de son propre inceste qu’elle aurait vécu avec son grand frère. Révélation faite de sa part le jour même où je lui ai révélé les abus subis par mon frère aîné. Sa seule réponse ce jour là, + - n’en parle surtout pas à ton père, il va tuer ton frère- et voilà c’était fait : exclusion du tiers et par le secret.

Jusqu’à mes 6 ans j’étais "folle d’amour pour elle ", jusqu’au jour où elle a surpris mon frère entrain de m’abuser, s’en est suivit des questions pour moi posé par un visage déformé par l’angoisse et rien pour lui, rien à ce que je sache. Autant dire que ce jour là et pendant longtemps j’ai pensé que c’était moi qui avais fait quelque chose de mal.

Bon, les abus ont continué et après je ne me souviens plus trop de ma relation à ma mère, elle était très présente quand j’étais malade, toujours soucieuse vis à vis de mon rapport à la nourriture, petite j’ai longuement refusé de me nourrir, avant mes 6 ans surtout. Puis vint l’adolescence, ma révélation, l’investissement de mon amour pour elle sur ma grand-mère maternelle, ma déclaration de guerre à la mère à 11 ans je pense, le jour où elle m’a obliger à aller voir mon frère dans sa chambre parce qu’il était pas bien et qu’il voulait me parler…ce jour là j’ai cru mourir alors qu’il me violait…je suis morte un peu je crois.

En ce temps là elle me donnait de l’argent en cachette de mon père, accepter que je sèche les cours, me couvrait même vis à vis du collège et en échange, si j’ose dire, elle me parlait d’elle, de sa relation d’avec sa mère, du plaisir qu’elle ne prenait pas avec mon père, de son sentiment d’être une mauvaise mère et moi je tentais de lui apportais les mots qu’il faut pour qu’elle guérisse et puisse être à son tour enclin à s’occuper de moi. Les abus de la part de mon frère continuaient…lui aussi ado me filait du fric, me filait des clopes… en compensation…j’étais devenue sa petite pute….

Elle était dépressive aussi, il ne fallait pas faire de bêtise, pas de bruit, le père disait : tenaient vous à carreaux où votre mère va partir en clinique. Moi je déconnais complet, prise de drogue journalière, j’étais violente, agressive avec les autres, toujours à jouer avec la loi, vol, racket, virée d’un bahut, …et puis peu à peu la colère s’est instaurée, lui parler normalement était devenu impossible, je l’engueulais, la regardais méchamment, dès que je tentais de lui parler de moi elle inversait les rôles et me parlait d’elle, de son mal être, de sa culpabilité vis à vis de moi, me répétait qu’elle m’aimait et m’aimerait toujours même si moi je ne l’aimais plus.

Quand j’avais un petit copain, là aussi elle ne pouvait pas me laisser tranquille, il fallait qu’elle le connaisse, elle me posait des tas de questions, elle voulait tt savoir, moi je ne répondais pas mais c’était infernal…elle disait qu’elle était contente pour moi, que finalement je m’en sortais plutôt bien, cela la déculpabilisait du coup, mais elle ne se doutait pas et je n’allais pas lui dire en plus, que pour avoir des relations avec des hommes, il fallait que je sois défoncée complet, et qu’avec le seul dont j’ai été amoureuse à ce jour, cela c’est terminé à cause des conséquences de l’inceste et que je n’ai même jamais pu lui en parler.

Mon père est mort, ma mère est toujours vivante, elle s’est remariée, a divorcé, a vécu avec un autre, aujourd’hui encore un autre, elle vit sa vie mais, comme elle dit, je lui manque…moins je la vois mieux je me porte, ma mère est dangereuse, elle ne s’intéresse qu’à elle et vit en se nourrissant du malheur des autres et du sien qu’elle étale à qui veut bien l’entendre.

Elle a été l’incestigatrice de l’inceste que mon frère m’a fait subir, (ceci dit c’est lui le coupable ), elle m’a embrouillé le cerveau avec ses mots à la con, c’est : mais qu’est-ce que tu me dis, je ne t’ai jamais dit ça !M’a culpabilisé…elle a fait preuve de perversité en me montrant sa cicatrice après son ablation du sein, elle n’a jamais reconnu ma souffrance, - toi tu es forte. Aujourd’hui je ne suis même plus en colère après elle, franchement je la plains et jusqu’à la fin de ma vie je m’en méfierais et je l’éviterais. Mais bon prise de conscience qu’elle a bien participé à me bousiller. Difficile de savoir à qui se fier quand on réalise que sa propre mère est capable du pire pour son enfant en prétextant vouloir au contraire le meilleur, pour continuer d'exister comme si de rien n'était.
Je suis un peu embrouillé, pardon, mais mes idées le sont aussi...