Les enfants de victime paient très cher

Témoignage Publié le 19.12.2006

Victime de mon père entre 14 et 28 ans, j'ai suivi une très bonne thérapie : pas de psychanalyse, où on ressasse qu'on ne comprend pas ce qui nous est arrivé et qu'on reste seul dépositaire de ses difficultés, seul à gérer les conséquences des actes malfaisants de ceux sur qui on devait compter...

Une très bonne therapie donc, au centre des buttes chaumont à Paris où après UNE séance, on sent qu'il se passe quelque chose. On commence de suite à remettre les choses a l'endroit, à comprendre le filet pervers que tisse une famille incestueuse...


Ma mère était complice, car malgré sa présence lors de scenes dignes du theatre de boulevard, elle soutient qu'elle n'a rien vu, que je suisméchante d'oser tenter de la culpabiliser.


Aujourd'hui, j'ai 4 enfants et l'ainé qui a 18 ans est mutique depuis 3 ans déjà. Au début, on se dit que c'est de la timidité, que c'est l'adolescence, et puis il faut se rendre à l'évidence, et tout cela prend du temps, beaucoup de temps.


Il va enfin entrer en hopital ou clinique psychiatrique pour soigner et pouvoir je l'espère reprendre le cours des études qu'il mérite de suivre.
Bien sûr son père a aussi eu une vie très difficile et tout cela est imbriqué, mais je suis aujourd'hui absolument persuadée que l'inceste que j'ai subi y a sa part.


Les autres enfants ont aussi beaucoup de mal. Le deuxième, 15 ans, n'a quasiment pas de copains et s'enferme dans les jeux vidéo. Il est un cancre parfait à l'école, malgré des capacités indéniables, confirmées par des tests de QI et autres...


Les petites soeurs de 10 ans ont également des problèmes chroniques de concentration.


Autres dommages collatéraux, mes frères, qui contrairement à ma mère ont toujours été parfaitement conscients de la situation, en parlaient entre eux, avaient un mot personnel pour le désigner... L'un d'eux est incapable à 40 ans de travailler, voire de sortir de chez lui pour aller faire des courses. Ancun d'eux n'a d'enfants.


C'est très dur de casser une bonne fois pour toutes le cycle infernal et transmettre à ses enfants une histoire familiale assainie, mais il ne faut pas lacher.


Les aides thérapeutiques doivent être délivrées par des personnes qui ont elle-mêmes travaillé la destruction du mythe de la mère toujours bonne et de la famille toujours bénéfique, car les familles incestueuses sont définitivement empoisonneuses. Tant que les acteurs principaux de l'inceste et leurs complices n'ont pas eux-même accepté une thérapie, il n'y a de place que pour une prise de distance ferme, qui seule peut protéger les victimes. Le pardon, en particulier me semble totalement déplacé.