MERCI

Témoignage Publié le 15.03.2006

Peu à peu, certains souvenirs me reviennent. Je vois précisément des choses. Autrefois, quand je les voyais , c'était dans un moment particulier, d'indéfinissable détresse, lors de la naissance de mes enfants, lors d'une opération.

Je ne me souvenais que dans la souffrance, j'avais aussi un sentiment de dépersonnalisation. Je ne suis pas psy mais je suppose que c'est ainsi que l'on appelle cela. Ce n'était pas tout à fait moi et les sentiments que j'éprouvais m'étaient un peu étrangers. Et ce matin , au réveil, je me suis souvenue . Je n'ai pas envie de raconter précisément.N'est-ce pas la preuve que je vais mieux? Je me protège un peu. Je me suis donc souvenue , et j'ai compris certaines de mes attitudes.

Je tombais et retombais encore et toujours dans les mêmes schémas. Pour faire simple, disons qu'en ce moment, je n'ai pas été très prudente. J'ai raconté ma vie à une "copine " qui n'était pas à mon égard très bien intentionnée. Elle m'a traitée de perverse . J'ai rétorqué qu'à la rigueur mon comportement pouvait lui paraître pervers mais pas moi. Merci à tous de m'avoir permis de dire ce genre de chose! Je ne cite pas de nom mais je vous remercie!

C'est bizarre la sensation que j'éprouve, j'ai l'impression d'être plus vraie. J'ai souvent eu l'impression d'être transparente, je n'avais pas le droit d'avoir de vie privée, alors pour lutter contre cela, je disais à tous tout ce qui me passait par la tête. Puisque l'on me forçait à tout dire , tout montrer, je me défendais en me montrant. Je pense à un autre terme mais je n'ose l'écrire. J'avais honte de raconter ainsi ma vie, mais je me sentais poussée à le faire. Absence de jardin . secret. Et j'ai aussi pris conscience ce matin , que je pensais autrefois qu'il était totalement impossible que l'on m'aime. J'ai beaucoup d'amis mais je parle d'une relation de coeur. C'est toujours moi qui "choisissais" mes amis de coeur. J'abandonnais tout , ma vie privée, mes amis , mon temps ,parfois même mon argent, ma sécurité, tout. Je ne sais même pas ce que c'est d'être aimée sans mendier! C'est fou non? Mes parents me laissaient seule très souvent. Pour avoir un peu de l'attention de ma mère, il fallait que j'écoute encore et encore ses histoires , toutes plus horribles les unes que les autres. Il fallait aussi que je lui "masse" le dos. Cela me dégoûtait.

Quant à mon père, c'était pire bien sûr. Quand j'écris cela , j'ai la nausée. C'était difficile de vivre tout cela. Je crois que ce qui m'a fait vraiment craquer, c'est le fait qu'il m'explique que tout était de ma faute. Je sais que j'aimerais que quelqu'un me demande pardon , mais je sais que c'est totalement impossible. A la rigueur, ma soeur me croit, je dis à la rigueur, parce que c'est le terme qui convient. Mais elle n'accepte pas que je refuse de dire que mon père était dans le fond quelqu'un de bien. Mais ca , je ne peux pas.

Je me mets maintenant dans des situations de dépendance. Décidément , pour moi , aimer c'est une drogue ! Je vais , sur votre conseil à tous et à toutes, commencer par m'aimer moi -même, avec mes grands défauts et mes petites qualités .