Mon témoignage

Témoignage Publié le 17.11.2017

Mon témoignage

Je m'appelle Gaël. J'écris aujourd'hui pour témoigner. Un événement récent m'a fait prendre conscience de mon mal-être. Je ressens depuis une douleur qui m'enserre le coeur à chaque instant. Il faut que cela cesse.
Et j'ai envie de me battre avec tous les moyens à ma disposition, alors je vais raconter mon histoire, confier mes peurs et mes doutes, et mon espoir de refermer cette blessure.

Quand j'étais enfant, je ne me souviens plus vraiment quand c'est arrivé la première fois, je devais avoir 12 ou 13 ans, mon frère, de 5 ans mon aîné, a abusé sexuellement de moi. Sous forme de jeu de rôle, il se servait de moi pour lui donner du plaisir, il me demandait de le masturber ou de lui faire une fellation. Il m'a demandé une fois s'il pouvait jouir dans ma bouche; j'ai refusé, suite à quoi, je me souviens, il a quitté la chambre pour aller aux toilettes. Ces événements ce sont reproduit au fil des mois 3 ou 4 fois peut-être, puis se sont arrêtés.
Cela m'a changé. Quand j'ai commencé le lycée, ma mère a remarqué ce changement. J'étais devenu renfermé, solitaire, triste. Elle m'a demandé à plusieurs reprises au fil du temps si ça allait, je ne lui en ai jamais parlé, sa tentative de suicide quand j'avais 11 ans m'a probablement empêché de lui faire confiance. Quant à mon père, son alcoolisme ne lui laissait pas beaucoup de temps pour ses enfants. Et j'ai grandi ainsi, avec la peur des autres et le dégoût de moi-même.

Puis un ami m'a un jour donner envie d'aller mieux. Vers mes 25 ans, j'ai commencé une psychanalyse. Pendant 3 ans, j'ai travaillé avec ma thérapeute pour comprendre l'effet que l'inceste dont j'ai été victime à eu sur ma vie. J'ai fini par en parler dans ma famille, à ma mère tout d'abord puis quelques temps plus tard j'ai confronté mon frère. Je lui ai demandé pourquoi, il m'a répondu qu'il n'avait jamais été avec une femme et que ça avait été par curiosité. Je lui ai dis le mal qu'il m'a fait et il s'est excusé. Je pensais pouvoir tourner la page, j'ai arrêté ma thérapie et j'ai continué ma vie.

J'ai 36 ans maintenant et la semaine dernière, j'ai blessé une amie, la personne qui m'a le plus encouragé et soutenue à travers tout ça, de par mon incapacité à faire savoir aux autres ce que je veux. Malgré sa colère, elle a quand même pris la peine de me faire comprendre que j'étais toujours bloqué. Je pensais avoir changé, je pensais aller mieux. Il n'en est rien.
Depuis, j'ai trouvé ce site, j'ai lu, me retrouvant à travers les témoignages, un notamment, que j'aurai pu écrire moi même. J'ai parlé à ma mère de mon mal-être, de mon besoin de reprendre le travail. Elle me soutien et m'encourage à porter plainte puisqu'en parler en privé ne m'a pas suffit. J'y penses, mais je ne me sens pas prêt. Je m'en veux plus à moi même de ne pas réussir à aller mieux qu'a mon frère pour le mal qu'il m'a fait. J'ai eu mon premier rendez-vous avec un thérapeute, je vais reprendre le travail. J'ai enfin parlé de l'inceste à un ami proche, lui et sa famille peuvent m'aider sur les questions juridiques. Je me renseigne afin rejoindre un groupe de parole.

J'ai besoin de leur soutien, j'ai peur de ne pas y arriver seul; j'ai peur de ne pas y arriver. Il n'y a pas de médicament contre cette douleur, pas de remède miracle. Je ne sais pas ce qui me permettra de me sentir mieux. Mais je ne peux pas laisser ce que j'ai subi continuer à me prendre ou me priver de ce que j'aime.

Courage à tous.