On peut s'en sortir

Témoignage Publié le 05.01.2011

Fotolia_924852_XSBonjour, je voulais envoyer un message d'espoir à tous ceux qui souffrent et qui ne voient pas le bout du tunnel. je suis actuellement mere de deux garçons et je suis heureuse en couple. j'ai 30 ans et je suis sortie de l'enfer avec la rencontre du pere de nos enfants.

Mon histoire

j'ai vecu l'enfer. maltraitance de mon pere : coups , martinets, courses poursuites dans la maison avec son balai... inceste multiples : viols pendant des années de mes cousins vers 8 ans jusqu'à mes 13 ans. attouchements de mon beau père, un petit ami à 14 ans qui me partage avec ses copains (viols et agressions)

à 19 ans, je pars de chez moi avec le premier homme qui me fait l'amour ( mais avec du recul, il n'a pas entendu ou voulu entendre que je n'etais pas prete), je me marie avec lui au bout de trois ans de vie commune. et au bout de 5 ans à vivre avec lui, je realise que je suis une femme battue (coups, viols conjugales, violences psychologiques)

à 24 ans , je retourne au point de depart, je retourne chez mon pere.

Les consequences ont été multiples : manque de confiance en moi, crises anorexies, boulimie, automutilations, tentatives de suicide. la fuite d'un enfer pour en retrouver un autre, celle de la violence conjugale , en est une autre.

Durant toutes ces années, j'ai suivi des psychotherapies (psychologues classiques, EMDR...) j'ai rencontré l'association Face à l'inceste , rencontré des personnes ayant vécu la meme chose. j'ai coupé les ponts avec ma mere pendant deux ans qui me prennait pour une cinglée mais aussi parce que j'etais tellement fusionnelle avec elle que  j'avais l'impression de ne plus avoir d'identité, et je la protegeais de tout.

l'entourage m'a beaucoup aidé, notamment un ami de boulot à qui j'ai parlé de mon enfance et des collegues de boulot qui m'ont entouré et fait prendre consciente de ce que je subissais de mon ex mari.

espoir

à 24 ans, alors que j'entame depuis peu la procedure de divorce, je rencontre celui qui est actuellement le pere de mes enfants. le pauvre, il a du supporté mes crises d'anorexie, mes automutilations, mes depressions...mais il a toujours été là. il a toujours été patient avec moi, respectueux, doux.

nous avons deux garçons : un de 3.5 ans et un bébé de 10 mois. J'ai fait une formation d'educatrice spécialisée après mon travail dans un IME. j'ai obtenu mon diplome et je suis actuellement en congé parental. Durant ma formation, j'ai eu mon premier enfant. mais j'ai fait une depression l'année qui a suivi sa  naissance (qui m'a fait perdre plus de 20 kilos en 4 mois) Je sais que je reste fragile si je me separe de ma famille mais je suis encore debout et heureuse.

pour mon deuxieme enfant, je me suis tournée vers le maternage proximal, refusant d'ecouter les conseils de mon entourage qui pronent la separation dès le retour de l'hopital, la fessée, ...et diverses conseils qui sont à l'opposé de ce que je ressens dans mon coeur, c'est à dire une education respectueuse, douce, à l'ecoute de mes enfants, tout en etant aussi à l'ecoute de mes propres emotions et mes limites.

je passe pour la farfelue de la famille mais tant pis, je ne pense qu'à proteger mes enfants et à les aimer du mieux que je peux. quand je vois ma soeur qui donne des fessées à la moindre occasion à ses enfants, cela me donne envie de vomir. pour moi, c'est la violence de mon pere qui a été le premier declencheur de l'enfer où je suis tombée, car il m'a appris à etre soumise, à ne pas dire non. après les autres bourreaux n'ont eu plus qu'à faire de moi ce qu'ils voulaient.

voilà tout ça pour dire que le chemin est long, mais n'est pas irreversible. ce qui m'a aidé, c'est d'avoir parlé, ecrit, été entouré... n'ayez pas peur de parler, et de demander de l'aide. on peut etre heureux après avoir vécu l'enfer

Nous en parlons
Y
yaelle64
Publié le 31.01.2011
Inscrit il y a 13 ans / Nouveau / Membre

Merci pour ce post. Je considère comme très important de partager des témoignages positifs et encourageants pour les autres.
Je confirme, moi aussi à 46 ans, je commence vraiment à m'en sortir !
Yaelle