Proche de victime malgré moi

Témoignage Publié le 11.06.2018

Proche de victime

malgré moi

Depuis des années que le mot inceste fait parti de mon vocabulaire "usuel" et que j'aborde le sujet dès qu'il m'est possible de le faire, je me retrouve proche de victime malgré moi. Tout autour de moi, collègues de travail, voisines et voisins avec qui l'affection passe bien, ami/es précieux, famille et ex(s) famille (ex-maris, cousines, mère, tantes...), en fait ils sont si nombreux à graviter ou avoir gravité autour de moi sans que je m'en doute une seconde.

Souvent je me suis faite la réflexion "je dois attirer les personnes qui ont souffert de violences sexuelles", puis je me dis que non, que c'est juste parce que nous sommes si nombreux qu'il est normal de vivre ces situations horribles ou d'un coup on me dit "mais puisque tu en parles, je te confie que moi aussi j'ai subi...". Alors le rôle de proche de victime prends toute sa valeur et toute son importance et j'essaie d'apporter mon vécu dans toute sa dimension ; ce que je n'ai pas reçu.

Quand j'ai parlé j'aurais aimé me sentir entourée, recevoir de la présence et l'écoute, de l'attention et du réconfort. J'aurais aimé pouvoir verser des larmes quand je ne pouvais plus les retenir.

Aujourd'hui, j'essaie de donner ce que l'on ne m'a pas donné à travers tout ça. Il m'arrive souvent de partager des larmes, parce que chaque personne est unique et cela me touche à chaque fois (je n'entends sincèrement jamais la même histoire, jamais la même horreur). J'essaie de faire passer le fait que la personne n'est pas seule, qu'elle n'est pas la seule ; que nous sommes si nombreux. Je l'informe de l'existence de Face à l'inceste même si elle ne me le demande pas, du groupe de parole de M. qui à un groupe formidable, du site internet "une sacrée mine d'Or' pour celles et ceux qui recherchent des réponses à leurs questions et à leur solitude.

Elles/ils décideront eux-même si cette information peut leur être utile et l'expérience à prouvé que c'est le cas, qu'informer c'est aider.

Alors un grand Merci à Face à l'inceste , à Isabelle Aubry sans qui ceci n'existerait pas, à toute l'équipe dirigeante et à toutes et tous les bénévoles pour ces 20 ans de travail et de lutte toujours au plus "PROCHE DES VICTIMES". Je suis si fière de faire partie de l'équipe même si ce n'est jamais facile tous les jours.