Réouverture apres classement sans suite

Témoignage Publié le 12.02.2009

L'histoire est longue, compliquée... je devais avoir 6 ou 7 ans quand mon cousin a abusé de moi; j'ai tout refoulé puis ça a ressurgit vers 13 ans. en 2000 j'ai porté plainte sur un coup de tete alors que j'étais a l'hôpital en pedopsychiatrie. ma famille au début prête à me soutenir s'est retournée contre moi; j'ai vécu un véritable enfer durant toute la procédure; juste le droit de me taire et d'exécuter les ordres des uns et des autres,leurs moqueries, leurs humiliations...parfois leurs coups... puis il y a eu l'avis de classement sans suite;soulagement plus qu'audible de ma mère, qui a osé dire a ma tante qu'elle était désolée que je veuille gâcher la vie de son fils....

un délégué du procureur qui me baratine et fait le gentil... moi en sanglots qui me croit soutenue par cet homme....on est alors en 2002. Un an après je fouille dans un meuble pour trouver des papiers et la je tombe sur mon journal intime. c'est la que j'ai "parlé" la première fois; horrible prise de conscience: ce journal intime avait disparu lors de l'enquête,je ne parvenais pas a le retrouver; les policiers me disaient que ça pouvait constituer une preuve... et je le trouve la,dans les affaires de ma mère... je me pose des questions, des flashs de l'agression me reviennent, je doute de ma famille...

2005 je suis devant une avocate, la copie de mon dossier sous les yeux et les réponses a mes questions; un choc terrible; ma famille a témoigné contre moi, un de mes frères a menti de façon horrible sur des propos que j'aurais apparemment tenu mais qui n'existent que dans sa tête; le délégué du procureur s'est moqué de moi et me descend littéralement dans son compte rendu,....mais ou suis je la??? pourquoi tant d'acharnement a discrediter ma parole???

je me tais et songe a mon journal, le seul qui me prouve que j'ai bien vécu ces agressions...l'avocate me dit que mon dossier n'est pas "normal",trop de choses bizarres; elle me demande si mon cousin est qqn de connu; je lui réponds que non mais son père maintenant décédé oui; elle me dit qu'il y a eu des "magouilles" dans mon dossier, elle m'encourage a le rouvrir mais je ne peux pas; j'ai trop peur de rebriser ma famille alors que je viens juste de recréer des liens proches avec eux; peur de revivre le cauchemar d'avant;

pourtant j'ai envie...je me tais encore et garde pour moi le fait de savoir les mensonges de ma famille, je ne parle pas de mon journal retrouvé...je reprends une thérapie 3 ans après avoir lu mon dossier et poussée par mon compagnon a l'époque (le seul a qui j'ai pu faire confiance même si ça a mis du temps) j'envisage de rouvrir; je fais la démarche vers l'avocate, je dois l'annoncer a mes parents, ma mère me trouve encore d'autres arguments pour réfuter mes propos...

quelques mois passent puis janvier 2009, je suis a nouveau devant l'avocate; qui m'annonce qu'elle ne se sent pas la force de défendre mon dossier, qui veut que j'aille voir qqn d'autre,plus expérimentée... je ne lui en veux pas ,elle au moins, elle ne m'a pas menti!! quelques jours passent, je fais connaissance avec ma nouvelle avocate; elle trouve mon dossier étrange aussi, mais relève déjà des éléments pour assurer ma défense, elle m'explique qu'il vaut mieux faire une demande au parquet pour rouvrir mon dossier mais que le parquet peut refuser... me voila a l'instant ou j'écris a vivre dans l'angoisse, a ravaler ma colère contre ma famille , a pleurer de désespoir parce que je suis lasse de tout ça... je croise les doigts pour que le parquet veuille bien accorder la réouverture... mais tout ça , c'est tant de souffrances, tant d'incompréhension.... j'ai envie d'en finir parce que je n'en peux plus; physiquement comme psychologiquement... je suis horriblement triste dans ma tête et je n'arrive plus a voir a quoi me raccrocher; et puis j'ai mis 9 ans a avoir le courage de rouvrir, alors comment pourrais je supporter un refus du parquet, maintenant que j'ai pris sur moi et fais ce pas, devenu terriblement vital pour moi???

voila mon histoire; je suis en colère contre la justice, contre la société, contre ma famille, contre moi...les gens ont tort de croire qu'il suffit de ne plus y penser pour guérir et aller de l'avant;la justice a tort de ne pas mieux prendre en considération les victimes et leur parole...vers qui se tourner quand même les institutions normalement la pour vous écouter et vous protéger ne le font pas et vous condamnent?(...)