Témoignage femme : l'amour déplace des montagnes

Témoignage Publié le 10.03.2006
Il ya maintenant cinq ans que j'ai compris, que je me suis souvenue...J'avais quinze ans qd ma meilleure amie me raconta sa première expérience sexuelle, et à ce moment-là: FLASHBACK et crise de larmes incontrolable. Une semaine de cauchemars plus tard, j'avais reconstitué l'histoire. Mon grand-père avait abusé de moi lorsque j'avais cinq ans, lors d'une fete de famille. Je compris alors que je ne serais jamais normale, et je me jurais de ne jamais en parler.
Une question subsistait: comment avais-je pu autant l'aimer, et avoir une relation aussi fusionnelle avec lui pendant 10ans après ce qu'il m'avait fait? Septembre 2003, ma rentrée en fac de médecine (un rêve qui date je crois de cette époque). Commencent alors de bizarres crises de "bug". Je suis prostrée pdt 1h puis je ne me souviens plus de rien. Ma colocataire et meilleure amie assez inquiète me suggère d'aller voir un neurologue. Surprise! Rien ne débloque. Je souffre selon lui de conduites d'évitement créées par ma peur de l'échec. Rassurée, je rentre chez moi, et un mois plus tard, mon asthme se remanifeste, plus violent qu'auparavant, accompagné de grosses crises de spasmophilie et de tétanie. Cinq ans que ça dure, je ne me pose pas plus de questions....

28 novembre 2003. J'ai rendez vous avec un garçon qui me plait beaucoup, et je ne peux bouger de mon canapé complètement terrorisée. Entre deux crises de larmes, ma coloc arrive à me faire parler, et commence alors une sorte de crise d'hystérie d'une violence rare. Cette "libération" me déchire le ventre, je casse tout ds l'appartement, ma colocataire m'empeche de me défenestrer, je m'évanouis trois fois...Tout ceci dure plus de 3/4 d'h et je ne me souviens de rien. Je lui en veut de m'avoir fait parler. Je reste deux semaines enfermée chez moi à pleurer. G trahit ce gd-père que je commence à détester.
Puis je récupère un peu de force et me décide à retourner en cours. Quelques jours passent et je comprends que meme si cela me donne d'atroces nausées, je dois parler. Je me confie à deux, puis trois de mes amis. Ils sont choqués, tentent de m'aider. Mais je sais que depuis 20ans je n'attend que la mort, je ne peux donc rien faire c'est inutile.

14 fevrier 2004. je rencontre romain, et là ma vie bascule ( mais dans le bon sens cette fois!) il doit partir trois mois à l'étranger, on s'aime déjà, mais on a l'habitude lui et moi d'avoir d'énormes carapaces. On décide de les laisser tomber, et de vivre à fond cette semaine. On se raconte nos vies ds les moindres détails. Je lui parle. Il fo qu'il trouve une "fille mieux qui pourra faire l'amour". Sa réponse je ne l'oublierais jamais: "pourquoi qqun aurait le droit d'etre avec toi et pas moi?" Il me serre ds ses bras...
Je comprend alors que comme j'ai envie de faire l'amour avec lui (pour la première fois de ma vie), tout va se débloquer. Notre dernière nuit avant son départ arrive. Et au moment où je me décide, je ne peux m'empécher d'éclater en sanglots. Je viens enfin de comprendre pourquoi je ne pouvais pas faire l'amour et pourquoi je me détestais autant alors que je suis la victime: je me vois comme une pute, une gamine qui a provoqué son gd père, qui l'a incité au pire.

C'est atroce je sais, et aujourd'hui je lutte contre ça, grâce à l'amour de romain et au soutien de mes amis. Je ne veux pas qu'il soit ma béquille, je veux m'en sortir seule et devenir capable d'aimer, et de l'aimer comme il le mérite. Moi la petite prude, comme on me surnommait, je pensais etre une pute. C'est fou.....