Témoignage femme: Ma délivrance

Témoignage Publié le 02.12.2006
Cet évenement n'a pas réellement marqué mon enfance car je l'ai oublié. Totalement. Jusqu'à ma propre adolescence.Je m'en suis souvenue, des images et surtout cette sensation de gene, avec en prime l'impression que je n'ai pas le droit de penser à des trucs pareils sur mon frère, un sentiment très proche de la culpabilité. J'ai lu beaucoup de témoignages et d'après ce que j'ai lu, on peut considerer que je vis dans un climat d'inceste permanent, mais puisqu'ils ne me font rien, où est le mal ?, et si je me plains, est-ce que ce n'est pas une réaction disproportionnée ? Je ne sais plus dans mon passé ce qui est innocent et normal et ce qui est de l'inceste, j'arrive pas à distinguer.Je ne sais plus et dans mon esprit pour chacun de ses evenements, je n'avais qu'à dire non avant ou oublier totalement après.

Aprés 9 ans de secret tout c'est dévoilé il y a peu de temps sur mon passé et aujourd'hui il me hante. Vers l'age de 8 ans j'ai subit des rapports incestueux de la part de mon frère . Un secret est un secret, je n'ai rien dit mais cela a était trop pour que je me retienne à jamais . La vérité à éclater et aujourd'hui je suis perdue ! Entre rire et larmes je bascule, un petit rien devient tout de suite une catastrophe.J'aimerai parler mais j'imagine l'ampleur que ça pourrais prendre et le changement de regard que cela pourrait avoir .

A la maison, nous étions 3 enfants. Ma soeur était l'ainée,mon grand frère et moi étions en concurrence, mon frère était un héro et le mieux était de pouvoir jouer avec lui contre l'autre. Au début c'était un jeu et j'étais consentente. J'avais alors 8 ans et ne m'interressait pas du tout aux garçons, lui en avais 14. On jouait à se battre en petites tenues et celui qui arrivait à deshabiller l'autre pouvait le caresse pendant une dizaine de minutes, il y avait des régles précises, il fallait accépter tout ce que l'autre faisait
. Pour qu'il accepte de rester jouer avec moi, je me pliais aux régles meme si je savais que j'allais perdre . Puis il ne l'a pas fait un ou plusieur week-end et après j'ai oublié, j'ai tout oublié, je pensais que si moi j'oubliais, il oublierait aussi et ca c'est passé. Mais en oubliant tout ça, je crois que j'ai aussi oublié toute cette période de mon enfance et ce qui viens avant.
Pourtant je ne peux pas lui en vouloir, c'est toujours mon modéle et mon héro.
L'oubli total aurait peut-être été une bonne chose, mais il y avait un probléme, quand j'ai eu 15 ans, j'avais des idées suicidaires (et même encore maintenant) je ne comprenais pas le problème mais je n'allais pas bien du tout, et dans ces cas là, on a pas beaucoup d'amis car les gens n'aiment pas que quelqu'un soit malheureux alors ils le rejettent.

Je n’arrive jamais à ne plus me sentir coupable, à accepter le fait que je fais partis des victimes, et que ça aussi c'est très dur à vivre, ce genre de récit dérange et on préfère penser que tout ça n'est que fabulation, qu'il y a exagération
A 17 ans j'aimerais être comme les autres , mais je fuis les garçons. et je resterai comme ça tant qu'il n'y aura pas un peu de paix en moi. Seulement les psys m'effraient, ils sont froids, payés pour être gentils, et il existe beaucoup de specialisations de psys et je ne sais pas ce qui me correspond le mieux, ce qui pourrait me faire du bien.
Je pense que mon mal-être et mon auto-rabaissement sont des symptomes de mes problèmes et que quelque part, en dessous, il y a ma vraie personnalité. Je l'ai aperçue quelque fois, elle est pas si mal, mais elle semble inaccessible .

J'ai peur, j'ai envie de crier, je me suis cru assez forte mais non . Je ne peux pas oublier je le sais mais je voudrais aller de l'avant sans que le passé me rattrape. Les images reviennes,les details, mes secret m'ont trahi. A 8 ans ont ne se rend pas compte l'ampleur que peux prendre un secret est un secret, "c'est un secret entre nous". Aujourd'hui je n'en veux pas plus que ça a mon frère mais je lui en veux parce que aujourd'hui je suis completement perturber. Je crois que je lui pardonne mais je ne l'excuse pas.

Ce qui me paraît évident maintenant, c'est que pour m'accepter comme je suis, il faut que j'accepte ce que je suis, et tout ce que j'ai vécu de bien ou de mal, fait partie intégrante de l'individu que je suis devenue.
Je suis consciente que si je continue à me taire, je continue à renier l'inceste que j'ai subis, et que cela m'empêche d'exister en tant qu'être humains à part entière. Si je ne dis rien, je serais toujours cet objet, ce jouet sans importance à qui l'on se permet de faire du mal, que l'on peut abuser sans scrupules ou que l'on ignore. Si je me tais les autres continueront à me considérer de la sorte, et c'est encore moi qui payerais. Aujourd'hui je pense que tout cela suffit, les auto-mutilations, les tentatives de suicides, la honte, la culpabilité, la dépression, l'isolement, l'inadaptation sociale, l'incompréhension, la sous-estime de moi, j'ai déjà bien assez souffert pour quelque chose que j'ai subit. Si je me tais, je continuerais à survivre dans la douleurs, si je parle, si j'ose témoigner il me reste encore suffisamment de temps panser mes blessures et arriver à être heureuse malgré tout. »