Témoignage femme : MOI, ENFANT ADOPTEE, VICTIME D'INCESTE

Témoignage Publié le 15.01.2007
Je ne sais comment commencer, j’ai tellement HONTE et toujours ce sentiment de CULPABILITE et de RESPONABILITE qui me rongent la vie et m’obsèdent tous les jours !
Eh oui comme vous tous, moi aussi je suis une ènime victime d’inceste par le grand-père maternel de 11 à 14 ans !

J’ai 31 ans et gardé le SILENCE pendant 16 ans et aujourd’hui, je voudrais faire une sorte de « coming out » et suis enfin prête à témoigner…...
Après tant d’années de mutisme inextricable, j’éprouve le besoin de clamer mon INNOCENCE d’enfant AU MONDE ENTIER ! C’est un cri de douleur insoutenable trop longtemps enfoui dans mes entrailles !

Je dois préciser que j’ai été adoptée à l’âge de 8 ans et suis asiatique. Vous voyez ce que signifie le mot exotisme pour un européen pédophile, mot que je ne supporte plus !

A l’extérieur, j’étais une enfant très timide, voire coincée, je rougissais très facilement. J’intériorisais ma révolte. Je me défoulais à la maison et ne pouvais supporter de vivre dans un environnement familial toujours conflictuel et tumultueux où la mère était elle-même victime de maltraitances de la part de son propre mari. Ma mère adoptive est une femme battue !!! Mes parents me rabaissaient et ma rébellion s’exprimait par l’agressivité ou le repli de moi-même !

Je pense que ma révolte intérieure a pris sa source à l’âge de cinq ans, lorsque j’ai vu mon père biologique grabataire, à moitié agonisant sur le sol et complètement ivre mort. Je me souviens l’avoir ramassé et l’avoir mis au lit. A l’âge de six ans, j’ai perdu ma mère biologique d’une maladie inconnue. Voilà le contexte dans lequel je suis arrivée dans cette famille française.

Je ne me souviens pas exactement comment tout cela a commencé et ai essayé d’oublier…, mais comment oublier l’insoutenable, voire l’impensable !

Je me suis retrouvée un dimanche matin à faire la grasse matinée dans le lit de mon grand-père maternel et il a commencé à me peloter et la PIRE HONTE, c’est que je ne me souviens pas lui avoir dit NON et c’était le début de l’engrenage infernal !

Il me faisait peur et exerçait sur moi une emprise totale ! Je crois que quelque part il me fascinait, car c’était un grand orateur apprécié de tous ses amis et était même ami avec le maire de sa ville. Pendant les réunions de famille, il jubilait de faire de grands discours très moralisateurs, dignes d’un homme politique ! Toute la famille devait sagement boire ses bonnes paroles.

Il exigeait que je sois assise à côté de lui pour essayer de me peloter. Il m’offrait des cadeaux ou me donnait de l’argent. En échange, je devais lui faire des choses, me soumettre, être gentille et lui faire plaisir.

Mes parents avaient deux chiens et cinq chats et il venait les soigner presque tous les après-midis. Il avait en fait pris ce prétexte pour m’attendre à la sortie de classe.
Je devais l’embrasser comme dans un vrai couple, lui faire une fellation et me faisait le cunilungus, et moi je ne ressentais rien, je subissais ses gestes de vieux dégoûtant pervers tout bedonnant !! Une ou deux fois, je ne sais plus, il a tenté de me pénétrer, mais était conscient que j’étais vierge et qu’il pouvait me mettre enceinte. Il m’a donc pénétré partiellement !! Il me caressait, comme une femme, alors que je n’étais qu’une enfant innocente de 11 ans !
Ensuite, il se masturbait jusqu’à ce qu’il éjacule dans son mouchoir et jouisse, alors que moi, cela ne me faisait absolument rien. J’obéissais comme un chien obéit à son maître ! Depuis, je ne peux plus voir les mouchoirs en tissu !! Après il rentrait chez lui dorloter sa femme.

Au début, je ne me rendais pas compte de la gravité de la chose !! Je me laissais faire, quelle honte de se laisser abuser par un grand-père, par un vieux sexagénaire !

Toujours les mêmes phrases, il me disait d’être gentille avec lui. Il me manipulait mentalement. Il me défendait lorsque je me disputais avec ma mère ou ma sœur. Une fois, il a exigé de mes parents qu’ils m’offrent pour Noël une chaîne Hifi, sinon il ne viendrait pas au Réveillon. Il tenait mes parents avec son argent !

Mes grands-parents habitaient à 500 m de chez mes parents et parfois, je dormais chez eux le samedi soir. Le grand-père venait me réveiller la nuit pour me peloter, alors que sa femme dormait juste dans la chambre de l’autre côté ! Je ne sais pas pourquoi, je retournais chez eux ! Peut-être parce que je ne me sentais pas bien non plus chez mes parents, prise entre deux feux, la femme battue et un père inexistant et violent !

Je partais également en vacances avec mes grand-parents au camping. Dès que ma grand-mère avait le dos tourné, il s’arrangeait pour me peloter et me mettre ses doigts dans mon vagin. Une fois, il m’a dit que c’était un secret entre nous et qu’il ne faut surtout que je ne le répète à personne et que lorsque j’aurai un copain à 18 ans, on verrait ! A mesure que le temps passait, je me rendais bien compte que ce n’était pas NORMAL et ne pouvais me confier à personne, ni même à ma meilleure amie de l’époque ! Je voulais parfois fuguer, mais en tant qu’enfant adoptée, je ne voulais pas me retrouver à la DASS.

Et cela a duré pendant trois ans jusqu’à ce que je PARLE ENFIN ! Je ne pouvais pas, j’avais trop honte et me sentais trop coupable de m’être tue pendant si longtemps !
J’ai enfin compris que je n’étais que sa PUTE, sa CHOSE pour assouvir ses plaisirs sexuels !

J’avais alors 14 ans et demi et c’était au mois d’août. Je l’ai révélé d’abord à ma grand-mère en lui montrant dans le dictionnaire le mot « inceste ».
Bien entendu, elle ne m’a pas cru. Elle m’a traitée de folle et m’a dit : « mais, ma pauvre fille, tu racontes n’importe quoi ! ». Elle a immédiatement convoqué son mari qui a immédiatement nié et rétorqué «mais c’est faux, tu vois bien qu’elle raconte des salades pour faire son intéressante, tu ne me crois pas capable d’une chose pareille ! tu ne vas pas la croire plus que moi». Depuis ce jour, je me reproche la mort de ma grand-mère, qui déjà malade depuis sa retraite, n’a cessé d’être malade jusqu’à son décès !

Ce fût le drame dans toute ma famille ! Réunion de famille après les vacances ! Briser le silence, quelle chose terrible ! Mais, je n’en pouvais plus, il fallait que ça sorte !

Ma mère m’a d’abord prise entre quatre yeux. Bien entendu, elle ne me croyait pas non plus. Je me souviens de ses paroles « mais, ma pauvre fille, comme tu as pu… tu aurais pu dire non ; mais je ne comprends pas, moi, il ne m’a jamais touchée». Elle m’a immédiatement accusé au lieu de tenter de comprendre. Le ciel lui était tombé sur la tête ! Quant à son mari, il était complètement dépassé par les événements !
Ma mère a demandé à ma sœur s’il avait essayé avec elle. Elle lui a répondu qu’il avait essayé, mais qu’elle avait dit non. Elle avait quatre ans de plus que moi !
Ma mère m’a emmené chez le médecin de famille pour faire constater si mon bourreau m’avait pénétré. Comme ce n’était pas le cas, je crois qu’elle m’a haï à ce moment-là !
Le médecin m’a demandé de raconter mon histoire par écrit. Je lui ai remis le bout de papier qu’il a dû conserver ! Je ne me souviens pas ce que j’ai raconté.
Il a ensuite vu le grand-père qui a reconnu les faits et lui a promis de se faire soigner. Je n’ai jamais su s’il avait commencé une thérapie. Le médecin a vu ma mère en aparté et n’ai jamais su ce qu’ils se sont dits. Toujours est-il que ma mère ne devait plus m’approcher de mon grand-père, mais cela n’a duré qu’un temps. Je le revoyais ensuite dans les réunions de famille et essayais de fuir son regard...

Quant à moi, ma mère m’a juste dit qu’on s’en sortirait et rien de plus…. On n’a jamais plus reparlé de cet épisode de ma vie ! Vous vous rendez compte qu’elle ne m’a même pas envoyé chez un thérapeute ! J’ai dû me débrouiller seule avec mes problèmes ! C’était la période la plus noire de ma vie ! Je me suis repliée sur moi-même, je ne pouvais pas voir mon corps pendant six mois, je m’habillais avec de grands tee-shirts larges pour paraître la plus transparente possible. J’ai raté en partie ma seconde à cause de ça !

Depuis, je me sens mal dans ma peau. Ce mal être s’est transformé en agressivité !
J’ai développé un complexé d’infériorité et n’ai pas confiance en moi. Je n’aime pas mon corps et ne m’aime pas ! J’ai du mal à faire confiance à autrui ! Je me sens également seule et ce sentiment de solitude, je l’ai toujours eu, il me semble !

Ma relation avec ma mère déjà mauvaise est complètement anéantie ! Je pense qu’elle me méprise et me prend pour une perverse !

Mon bourreau est maintenant décédé et ce qui m’est arrivé m’obsède tous les jours. Personne de ma famille, excepté ma sœur, ne m’a dit que je n’étais pas COUPABLE !

Si je parviens à témoigner aujourd’hui, c’est grâce à une amie qui m’a avoué l’an dernier été violée à 17 ans. J’étais sidérée ! Je lui ai à mon tour raconté mon histoire. Nous avons pleuré toutes les deux !

J’arrive à ce stade de ma vie où j’ai besoin de parler et d’hurler au monde entier ce qui m’est arrivé et prends conscience que j’ai besoin d’une thérapie ! Qu’en penses-tu ? Merci de m’aider !