Témoignage femme: Pourquoi?

Témoignage Publié le 05.09.2006
Samedi. Il est 7heures 30. Je suis levée depuis un petit bout de temps. J'aime bien cette expression "un bout de temps". Parfois, justement le temps, on ne sait pas par quel bout le prendre. Tiens, c'est cela que l'on me répétait à l'envi."On ne sait pas par quel bout te prendre!" "Ingrate". Sans gras. Etre anorexique, c'est être sans gras, ingrat. J'ai très mal à la main droite. Mais je continuerai à écrire,même si je dois le faire avec les dents. Personne ne pourra m'empêcher d'écrire. Je commence à être critique sur ce que j'écris."C'est mauvais". Voilà ce que je me dis, et puis je fais des jeux de mots bidons. Est-ce une manière d'arrêter ou au contraire de continuer? Je suis le chemin, la vérité. Mourir pour des idées mais de mort lente. Mon père a mis combien de temps à mourir? Je n'éprouvais rien quand il était en train de mourir. J'étais afférée, telle une bonne petite ménagère. Je jouais un rôle. Je suis dans la cuisine. La vaisselle a terminé un cycle. Repos. Il est 12 heures maintenant. R. est parti à la banque. J'ai pensé tout à l'heure que mon père avait essayé de me détruire et qu'il n'y était pas parvenu. Mais force est de constater qu'il a détruit beaucoup de choses en moi. Il a détruit en moi prématurément l'enfance. J'ai été forcé de quitter l'enfance. A partir de cela, je me suis toujours méfiée de tous et de tout et de moi surtout...Et c'est peut être cela le plus terrible. Le plus terrible, c'est de ne pas pouvoir prendre l'ascenseur avec quelqu'un, de ne pas pouvoir faire l'amour à certains moments. Avec R., cela s'est arrangé. Petit bruit métallique, du clavecin. J'adore ce bruit là. Ma soeur avait une boîte à musique.Une petite poupée rose qui tournoyait sur un piano. Mon père voulait me détruire.Il me l'a dit. Je savais faire des choses qu'il ne savait pas ou plus faire. J'étais la joie de vivre. Quand il essayait de casser cette joie, je lui disais :"mais pour moi, cela sera différent".N'était-ce pas ce que me disait ma mère? "Pour toi, ce sera différent!" "Travaille et ce sera différent".
Je crois que je reconstruis l'histoire. Il m'a dit d'écarter les jambes. J'étais tellement paralysée que je ne comprenais pas ce qu'il disait. "Alors tu ne comprends plus le français?""Ca te rabaisse le caquet". Au début pour écrire cela, j'avais envie de m'enfermer dans les toilettes. Mais je suis dans la pièce principale. Je me suis relevée ensuite. Contente que cela soit terminé. Il était parti.
Tout ceci me paraît absurde. Ma psy a mis ma parole en doute.Alors je ne sais plus. C'était à peu près clair dans ma tête. J'avais moins de peur subite, de dégoût. Je pensais moins à la mort. Il paraît qu'il y avait une ambiance mais qu'il n'y a pas eu viol. Brusquement, elle s'est mise de l'autre côté. Je lui en veux, c'est évident, mais en même temps je me dis que j'ai peut être tout imaginé. J'ai lu un article sur ce site dans lequel la personne dit que nous sommes de bonnes poires. Cela m'a fait bouger. Je me dis : pourquoi aurait-elle raison et moi tort? Je me suis de plus débrouillée pour qu'elle me croit folle. C'est normal qu'elle mette ma parole en doute. Mais c'est vrai que c'est assez difficile en ce moment. Les cauchemars. Cen'est pas à proprement très effrayant. Je vois des objets et cela me fait peur. Mon fameux rêve qui revient. Mon corps est en plomb, je ne peux pas crier, il y a des gens tout autour de moi, mais je ne parviens pas à ouvrir la bouche. Mais j'en ai assez d'être une bonne poire. Moi aussi je l'ai vécu ce sentiment d'être traitée comme une assistée quand j'ai dit -à demi-mot-que mon enfance n'avait pas été très heureuse. C'est vrai que c'est insupportable de devoir toujours se taire, de devoir presque s'excuser d'être aussi bien malgré mon parcours. Oui, c'est vrai ce que j'ai raconté et oui j'ai survécu!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!