Un cancer a réveillé le démon

Témoignage Publié le 27.12.2006
Bonjour,
J'ai 38 ans. J'ai eu un cancer du sein à 36 ans et après les traitements, j'ai décidé d'aller voir un psychiatre pour tenir le coup. Au bout de six mois, j'ai réussi à lui parler. Mon histoire a commencé ainsi : placé par la DDASS à 2 ans dans une famille d'accueil, l'un des fils de cette famille de 10 ans de plus que moi a commencé à me toucher je devais avoir 8 ans. Cela a continué jusqu'aux rapports sexuels que j'acceptais par besoin d'affection. Il avait profité de ce besoin que le pervers en lui avait tant ressenti. Cela a duré jusqu'à mes 14 ans. Un neveu de la famille m'a fait pareil et ensuite, un homme venu installer la chaudière me faisait descendre dans la cave, j'étais tétanisée et j'obéissais. Ma vie a été un enfer jusqu'au cancer et je ne savais pas pourquoi. J'ai fugué de cette famille à 17 ans. J'ai vécu deux ans de galère avec beaucoup de chance pour ne pas sombrer dans le pire. Un premier enfant m'a tirée vers le haut. J'ai rencontré mon mari. Au début, tout allait bien, puis la relation s'est dégradée. Je faisais des crises, je me cachais comme un animal dans le garage et la cave. Tentatives de suicides, je me griffais les bras avec des ciseaux. J'ai revu celui que je considérais comme mon frère 6 mois avant que le cancer ne se déclare. Le psy me dit que çà a fait déclic, car j'étais au bord du précipice. Deux ans de thérapie m'ont permis de commencer à me sentir mieux, à faire le tri dans la tête. Mais c'est d'une douleur, tout remonte, les souvenirs, jusqu'aux odeurs, je l'entend chuchoter dans mon oreille et celle-ci est couverte d'eczéma depuis des mois. J'ai osé l'été dernier écrire à la famille d'accueil et à ce frère (j'ose à peine écrire ce mot). Sa femme a fait barrage, je me suis fait traité de tous les noms, ils m'ont menacée. Cà m'a fait un mal terrible. Depuis des mois, mes nuits sont des cauchemars, je n'ose plus aller me coucher, j'ai peur de m'endormir. Avec la psychothérapie, il y a du mieux, mais en ce moment, je réalise pleinement ce que j'ai vécu, la manipulation, la salissure, ce qui ne doit pas se faire à une enfant et la réalité est terrible à regarder en face. Chaque nuit, je ressens l'envie de mourir, je me griffe les jambes pour faire passer l'horreur de la souffrance dans ma tête. Seuls mes enfants m'ont raccroché à la vie, je crois. Quelquefois, je me sens si lâche de souffrir autant et de ne pas avoir le courage d'en finir. Cela m'a fait du bien de lire tous les témoignages, je me sens moins seule et je me rend compte que les symptômes sont les mêmes pour nous tous qui avons connu l'horreur de l'inceste et des ravages que font les adultes avec le sexe sur les enfants. On m'a volé une grande partie de ma vie et c'est ce que je pleure chaque jour qui passe.