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CarolineS
Inscrit il y a 2 ans / Nouveau / Membre
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Bonjour à toutes et à tous,
J'ai 35 ans et j'ai porté ce lourd secret presque toute ma vie.
J'ai du mal à situer exactement la période, mais ma sœur de 6 ans mon aînée a abusé de moi quand j'étais petite. Je pense que j'avais entre 4 et 7 ans mais la chronologie est vraiment floue.
J'ai des souvenirs très nets de ce qui s'est passé en revanche, mais je dirais comme des "flashs", et surtout des souvenirs de goûts et d'odeurs.
La première fois que j'ai parlé de ça, c'était à une psychologue que j'ai vue pendant 8 ans et qui, alors que j'avais énormément de mal à le dire à quelqu'un, a complètement minimisé la chose, a parlé de "jeux" et a dit que c'était tout à fait commun et "normal" dans les fratries...
Je vous laisse imaginer le sentiment de solitude que j'ai ressenti et surtout, ça a renforcé l'idée que je devais sans doute me plaindre pour rien. Après tout, j'entendais toujours parler de l'inceste père/fille oncle/neveu etc., jamais de grande sœur sur petite sœur, alors comment pourrais-je être "légitime" ?..
J'avais également essayé de chercher des ressources sur le sujet, mais les mots clef donnaient une véritable marée de résultats à vomir de type p*rno. Un enfer, ça me donnait la nausée dès que je faisais la recherche et constatais que visiblement, dans ce monde, mon trauma n'existait pas, et pire que tout, c'était un "fantasme". Rien que de l'écrire, j'ai la gorge qui se serre.
La première fois que je me suis sentie comprise, c'est lorsque ma future femme et moi avons passé un petit séjour chez mes parents et qu'alors que nous avons commencé à faire l'amour, j'ai été complètement bloquée. Ca ne m'était jamais arrivé avant, mais nous étions dans le lit de ma sœur, celui dans lequel ces choses se sont passées, et je ne saurais pas décrire exactement le sentiment, mais je me suis sentie dégoûtée de tout acte sexuel, mon corps, mes sensations, tout me dégoûtait.
À mon retour de ce séjour, j'ai parlé de ce qui s'était passé à ma psy, et elle n'a même pas compris de quoi je parlais (comme si elle avait oublié ma confidence : évidemment, puisqu'elle trouvait ça normal)... C'est à ce moment là que j'ai décidé de ne plus la voir.
Depuis très jeune, je sais que j'aime les femmes, mais il m'aura fallu des années à réussir à "me lancer", je ne sortais et n'avais des relations qu'avec des hommes, parce que j'étais terrorisée à l'idée d'avoir l'impression de revivre ces scènes de l'enfance en étant avec une femme.
Heureusement, j'ai rencontré ma copine (nous nous marions d'ailleurs dans quelques mois ^^), je suis heureuse de pouvoir enfin vivre mon homosexualité sereinement, et surtout, je vis avec une femme merveilleuse qui a su trouver les mots pour me dire que oui, j'avais été abusée sexuellement, et que non, ce n'est pas normal, ce ne sont pas des "jeux" (peut-être parce qu'elle a été violée dans son enfance et connaît donc malheureusement le sujet).
Ma sœur, en plus des abus physiques, était particulièrement cruelle envers moi, elle me disait beaucoup de choses atroces quand j'étais petite, surtout son mon physique, mon poids...
Je me souviens notamment d'un jour où j'étais très jeune (je ne sais pas quel âge exactement, mais j'étais en primaire) et où elle m'a demandé ce que ça me faisait de savoir que personne ne voudrait jamais de moi sauf pour un viol parce que j'étais si moche...
Je me suis souvent dit, comme pour lui chercher des excuses, que si elle était ainsi avec moi, c'est qu'elle devait aller très mal elle-même, voire avec vécu un traumatisme. Mais je n'ai plus envie de lui chercher des excuses aujourd'hui.
Je ne lui en ai jamais reparlé, nous avons une relation distante aujourd'hui, mais je dirais "cordiale"... Quand je lui parle, je fais un effort pour parler avec tendresse de mes 2 nièces qui ne m'attendrissent pourtant pas du tout (c'est malheureux à dire mais je ne ressens rien face à elles).
Ma sœur est très caractérielle, j'ai donc toujours fait tout mon possible pour éviter le conflit avec elle... à tort ou à raison, mais j'ai vraiment l'impression de faire ça pour me préserver.
Il y a quelques mois, j'ai écouté un podcast où était interviewée Dorothée Dussy, qui a écrit "Le Berceau des dominations: Anthropologie de l'inceste". Elle y évoquait l'inceste entre sœurs assez brièvement, mais ne serait-ce que cette évocation, la première que j'entendais de toute ma vie (!!), m'a fait un choc énorme : je marchais dans la rue, et tout d'un coup, mes jambes étaient comme du coton. Incroyable !
C'était un soulagement, c'était la première fois que je ne me sentais plus seule.
C'est aussi pour ça que je me suis inscrite ici : dans l'espoir de ne plus me sentir seule là-dedans.
Voilà pour mon témoignage, je suis désolée du pavé, et je remercie d'avance celles et ceux qui m'auront lue jusqu'au bout !
J'ai 35 ans et j'ai porté ce lourd secret presque toute ma vie.
J'ai du mal à situer exactement la période, mais ma sœur de 6 ans mon aînée a abusé de moi quand j'étais petite. Je pense que j'avais entre 4 et 7 ans mais la chronologie est vraiment floue.
J'ai des souvenirs très nets de ce qui s'est passé en revanche, mais je dirais comme des "flashs", et surtout des souvenirs de goûts et d'odeurs.
La première fois que j'ai parlé de ça, c'était à une psychologue que j'ai vue pendant 8 ans et qui, alors que j'avais énormément de mal à le dire à quelqu'un, a complètement minimisé la chose, a parlé de "jeux" et a dit que c'était tout à fait commun et "normal" dans les fratries...
Je vous laisse imaginer le sentiment de solitude que j'ai ressenti et surtout, ça a renforcé l'idée que je devais sans doute me plaindre pour rien. Après tout, j'entendais toujours parler de l'inceste père/fille oncle/neveu etc., jamais de grande sœur sur petite sœur, alors comment pourrais-je être "légitime" ?..
J'avais également essayé de chercher des ressources sur le sujet, mais les mots clef donnaient une véritable marée de résultats à vomir de type p*rno. Un enfer, ça me donnait la nausée dès que je faisais la recherche et constatais que visiblement, dans ce monde, mon trauma n'existait pas, et pire que tout, c'était un "fantasme". Rien que de l'écrire, j'ai la gorge qui se serre.
La première fois que je me suis sentie comprise, c'est lorsque ma future femme et moi avons passé un petit séjour chez mes parents et qu'alors que nous avons commencé à faire l'amour, j'ai été complètement bloquée. Ca ne m'était jamais arrivé avant, mais nous étions dans le lit de ma sœur, celui dans lequel ces choses se sont passées, et je ne saurais pas décrire exactement le sentiment, mais je me suis sentie dégoûtée de tout acte sexuel, mon corps, mes sensations, tout me dégoûtait.
À mon retour de ce séjour, j'ai parlé de ce qui s'était passé à ma psy, et elle n'a même pas compris de quoi je parlais (comme si elle avait oublié ma confidence : évidemment, puisqu'elle trouvait ça normal)... C'est à ce moment là que j'ai décidé de ne plus la voir.
Depuis très jeune, je sais que j'aime les femmes, mais il m'aura fallu des années à réussir à "me lancer", je ne sortais et n'avais des relations qu'avec des hommes, parce que j'étais terrorisée à l'idée d'avoir l'impression de revivre ces scènes de l'enfance en étant avec une femme.
Heureusement, j'ai rencontré ma copine (nous nous marions d'ailleurs dans quelques mois ^^), je suis heureuse de pouvoir enfin vivre mon homosexualité sereinement, et surtout, je vis avec une femme merveilleuse qui a su trouver les mots pour me dire que oui, j'avais été abusée sexuellement, et que non, ce n'est pas normal, ce ne sont pas des "jeux" (peut-être parce qu'elle a été violée dans son enfance et connaît donc malheureusement le sujet).
Ma sœur, en plus des abus physiques, était particulièrement cruelle envers moi, elle me disait beaucoup de choses atroces quand j'étais petite, surtout son mon physique, mon poids...
Je me souviens notamment d'un jour où j'étais très jeune (je ne sais pas quel âge exactement, mais j'étais en primaire) et où elle m'a demandé ce que ça me faisait de savoir que personne ne voudrait jamais de moi sauf pour un viol parce que j'étais si moche...
Je me suis souvent dit, comme pour lui chercher des excuses, que si elle était ainsi avec moi, c'est qu'elle devait aller très mal elle-même, voire avec vécu un traumatisme. Mais je n'ai plus envie de lui chercher des excuses aujourd'hui.
Je ne lui en ai jamais reparlé, nous avons une relation distante aujourd'hui, mais je dirais "cordiale"... Quand je lui parle, je fais un effort pour parler avec tendresse de mes 2 nièces qui ne m'attendrissent pourtant pas du tout (c'est malheureux à dire mais je ne ressens rien face à elles).
Ma sœur est très caractérielle, j'ai donc toujours fait tout mon possible pour éviter le conflit avec elle... à tort ou à raison, mais j'ai vraiment l'impression de faire ça pour me préserver.
Il y a quelques mois, j'ai écouté un podcast où était interviewée Dorothée Dussy, qui a écrit "Le Berceau des dominations: Anthropologie de l'inceste". Elle y évoquait l'inceste entre sœurs assez brièvement, mais ne serait-ce que cette évocation, la première que j'entendais de toute ma vie (!!), m'a fait un choc énorme : je marchais dans la rue, et tout d'un coup, mes jambes étaient comme du coton. Incroyable !
C'était un soulagement, c'était la première fois que je ne me sentais plus seule.
C'est aussi pour ça que je me suis inscrite ici : dans l'espoir de ne plus me sentir seule là-dedans.
Voilà pour mon témoignage, je suis désolée du pavé, et je remercie d'avance celles et ceux qui m'auront lue jusqu'au bout !