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Lateignouse
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Bonjour à toustes,
Merci de m'acceuillir.
J'ai pris conscience des violences dont j'ai été victime il y a quelques mois... 21 ans après les faits les plus anciens dont j'arrive à me souvenir aujourd'hui (j'avais dix ans à l'époque, j'en ai aujourd'hui 31). Comme un abîme qui s'est ouvert devant moi...
Mon père est atteint de dégénérescence fronto-temporale (DFT), d'origine génétique. Concrètement ça se traduit par des troubles du comportement (manque d'empathie, déshinibition, apathie, répétition...) et des troubles du langage (une aphasie primaire progressive). D'aussi loin que je me souvienne mon père a toujours été "bizarre", et tous ceux qui le connaissent (y compris ma mère) sont d'accord pour dire qu'il a toujours été quelqu'un de "spécial". Tout laisse à penser que la maladie était déjà à l'oeuvre lorsqu'il m'a fait du mal. En tout cas, je ne peux pas m'empêcher de le penser. Ai-je vraiment connu mon père sans la DFT ?
Je ne peux pas m'empêcher de me demander si c'est lui, fondamentalement, qui est mauvais, pourri de l'intérieur, pour avoir pu me faire autant de mal, ou si la maladie a pu causer ça ? Qui m'a fait du mal ? Lui, ou la DFT ? Penser qu'un père puisse faire ça à son enfant m'est tellement intolérable j'en viens même à lui chercher une excuse (la DFT?!).
Je crois quelque part au destin, à présent que j'ai retrouvé la mémoire de ce qu'il m'a fait, que je suis capable de mettre des mots sur tout ça, lui, à cause de la maladie, n'est plus capable de parler, est muré dans le silence (la DFT atteint la zone du cerveau responsable du langage, il en est à un stade ou il ne peut plus du tout parler). Je suis condamnée par sa maladie à ne pouvoir jamais obtenir aucun semblant d'explication, d'excuse, de remord.
S'il n'était pas dans un tel état de dépendance actuellement j'aurais déjà porté plainte. Il me prive de cela aussi. J'ai peur d'en parler à ma famille et qu'on me reproche d'accuser quelqu'un qui ne soit pas capable de se défendre.
J'ai aussi appris la semaine dernière que j'avais 50% de chance d'avoir cette maladie aussi... Ironie finale de l'histoire: il me détruit dès l'enfance, et me refile son gène pathogène pour me pourrir la vie jusqu'au bout., et me réduire comme lui au silence. La boucle est bouclée.
Je me demandais si parmi vous il y avait comme moi des victimes d'inceste dont l'agresseur avait des troubles neurologiques comme mon père ? J'ai beau me dire que ce n'est pas une excuse, j'ai tellement de mal à digérer cette information, je continue de lui en chercher, des excuses...
Merci de me lire.
- R
Merci de m'acceuillir.
J'ai pris conscience des violences dont j'ai été victime il y a quelques mois... 21 ans après les faits les plus anciens dont j'arrive à me souvenir aujourd'hui (j'avais dix ans à l'époque, j'en ai aujourd'hui 31). Comme un abîme qui s'est ouvert devant moi...
Mon père est atteint de dégénérescence fronto-temporale (DFT), d'origine génétique. Concrètement ça se traduit par des troubles du comportement (manque d'empathie, déshinibition, apathie, répétition...) et des troubles du langage (une aphasie primaire progressive). D'aussi loin que je me souvienne mon père a toujours été "bizarre", et tous ceux qui le connaissent (y compris ma mère) sont d'accord pour dire qu'il a toujours été quelqu'un de "spécial". Tout laisse à penser que la maladie était déjà à l'oeuvre lorsqu'il m'a fait du mal. En tout cas, je ne peux pas m'empêcher de le penser. Ai-je vraiment connu mon père sans la DFT ?
Je ne peux pas m'empêcher de me demander si c'est lui, fondamentalement, qui est mauvais, pourri de l'intérieur, pour avoir pu me faire autant de mal, ou si la maladie a pu causer ça ? Qui m'a fait du mal ? Lui, ou la DFT ? Penser qu'un père puisse faire ça à son enfant m'est tellement intolérable j'en viens même à lui chercher une excuse (la DFT?!).
Je crois quelque part au destin, à présent que j'ai retrouvé la mémoire de ce qu'il m'a fait, que je suis capable de mettre des mots sur tout ça, lui, à cause de la maladie, n'est plus capable de parler, est muré dans le silence (la DFT atteint la zone du cerveau responsable du langage, il en est à un stade ou il ne peut plus du tout parler). Je suis condamnée par sa maladie à ne pouvoir jamais obtenir aucun semblant d'explication, d'excuse, de remord.
S'il n'était pas dans un tel état de dépendance actuellement j'aurais déjà porté plainte. Il me prive de cela aussi. J'ai peur d'en parler à ma famille et qu'on me reproche d'accuser quelqu'un qui ne soit pas capable de se défendre.
J'ai aussi appris la semaine dernière que j'avais 50% de chance d'avoir cette maladie aussi... Ironie finale de l'histoire: il me détruit dès l'enfance, et me refile son gène pathogène pour me pourrir la vie jusqu'au bout., et me réduire comme lui au silence. La boucle est bouclée.
Je me demandais si parmi vous il y avait comme moi des victimes d'inceste dont l'agresseur avait des troubles neurologiques comme mon père ? J'ai beau me dire que ce n'est pas une excuse, j'ai tellement de mal à digérer cette information, je continue de lui en chercher, des excuses...
Merci de me lire.
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