LA OU ON NE DEVRAIT PLUS ALLER
Il est là, devant moi.
Je l’ai enfin trouvé ce puits.
Je suis assise sur la margelle
Et je regarde mes pieds disparaître dans ce trou.
Dernière ligne droite, mais celle-ci, elle se passe en dessous,
Dernière descente dans les abîmes, les bas-fonds, les profondeurs,
La noirceur la plus totale.
De tout ce que j’ai déjà fait, c’est certainement le plus dur.
Le « trop » dur.
Descendre, ça, je peux faire,
Mais quand je serais dans le noir,
Dans ces ténèbres,
Où sera la lumière pour m’éclairer, me guider ?
Où sera l’air pour respirer ?
Il faut vraiment en passer par là ?
Le retrouver, lui et ses horreurs,
Moi et mes peurs ?
Retrouver ces silences, ces trahisons, ces douleurs ?
Alors, laissez-moi du temps,
Encore un peu.
Laissez-moi descendre doucement,
Remonter à la surface
Reprendre mon souffle, retrouver la lumière,
Remplir mes poumons d’air pur,
Remplir mes yeux de vie,
Avant une nouvelle descente.
Sinon, je ne suis pas sûre de pouvoir remonter définitivement.
Je sais bien qu’on m’encourage à y aller,
Mais personne ne sait si j’en serai capable ou non.
Et ce que je sais aussi,
C’est que toutes et tous ne sont pas remontés.
Alors je leur dédie ces pensées du soir.
Désolée d'être un peu rabat-joie ce soir, mais ça arrive aussi... avant le grand saut...