L’article 6 de la loi n° 2010-121 du 8 février 2010 tendant à inscrire l’inceste commis sur les mineurs dans le code pénal et à améliorer la détection et la prise en charge des victimes d’actes incestueux précise que « Le Gouvernement remet au Parlement, avant le 30 juin 2010, un rapport examinant les modalités d’amélioration de la prise en charge des soins, notamment psychologiques, des victimes d’infractions sexuelles au sein de la famille, en particulier dans le cadre de l’organisation de la médecine légale. Ce rapport examine les conditions de la mise en place de mesures de sensibilisation du public, et notamment des mesures d’éducation et de prévention à destination des enfants ».
Publié avec un an de retard, nous prenons connaissance de ce pré rapport de Xavier Bertrand qui provoque chez les victimes un grand mécontentement.
Réduire la prise en charge des victimes d’inceste à la réforme de la médecine légale c'est méconnaitre le sujet. Le ministère de la santé n'a pas consulté les associations de victimes sinon il saurait que l’aspect medico légal ne concerne qu’une infime partie des victimes. 90% des victimes ne portent pas plainte et elles mettent en moyenne 16 ans après les faits pour révéler leur vécu (sondage IPSOS pour Face à l'inceste 2010). Ainsi Xavier Bertrand balaye purement et simplement du dispositif les deux millions de victimes adultes de notre pays.
La prise en charge médico légale est une chose, mais il n'y a rien dans ce rapport sur les soins aux victimes, la prévention, la sensibilisation du public et la formation des professionnels qui ne reçoivent à ce jour aucun enseignement sur l’inceste.
Les victimes vivent ce rapport comme une négation de l’inceste de plus. L’inceste est un tabou fondateur de notre société, les victimes ont le droit à une reconnaissance. Toutes les victimes, ont vécu une errance thérapeutique. Ce que nous attendons pour nous et les générations à venir, ce sont des centres spécialisés pluridisciplinaires plutôt qu’une morgue pour nous autopsier. Mr Xavier Bertrand aurait-il osé écrire cela à un malade du cancer ? Pourtant l’inceste provoque des troubles graves : suicides, dépressions, troubles du comportement alimentaire, toxicomanie, alcoolisme, phobies…
C’est pourquoi, nous espérons que ce rapport va évoluer sans attendre le 1er septembre, date du compte rendu sur la mise en place du nouveau dispositif sur la médecine légale. Nous espérons également être consultés sur un sujet qui nous concerne au plus haut point.
