Communiqué : 20 juillet 2005
Libération conditionnelle : l’avis des victimes d’inceste
Interrogées par le Ministère de l’Intérieur sur leur place dans le processus de libération conditionnelle de leur agresseur, les victimes d’incestes émettent un avis très clair :
Il n’est absolument pas question pour elles de pouvoir se prononcer sur l’acceptation ou non de la liberté conditionnelle de leur agresseur. Le poids de la responsabilité d’une éventuelle récidive étant insupportable à envisager. Il n’appartient pas à la victime d’évaluer si un agresseur est potentiellement dangereux pour la société. Cette charge revient à la justice qui a les moyens et doit s’en assurer.
A peine 2,5% des victimes d’inceste voient un jour leur agresseur en prison. Pour celles qui obtiennent justice, il est déjà bien difficile d’assumer les conséquences de l’emprisonnement de leur proche même si il a détruit leur vie. Cet emprisonnement est 9 fois sur 10 synonyme d’un rejet familial de la victime qui porte aux yeux de tous la responsabilité d’avoir « brisé la famille » en révélant l’inceste. Prendre part à la décision d’une libération conditionnelle provoquerait pour elle, dans la plupart des cas, une seconde vague de pressions familiales psychologiquement difficile à supporter à l’heure d’une reconstruction qui dure parfois la vie entière.
En revanche, il serait important que les victimes puissent avoir des garanties sur les conditions d’application de cette libération.
Les victimes souhaitent être informées de la libération conditionnelle ou définitive de leur agresseur ce qui n’est pas actuellement le cas. Afin que cette information soit systématisée, elle devrait faire partie intégrante du processus de libération.
Elles attendent aussi d’avoir une garantie quant à leur sécurité. La justice doit systématiquement envisager la protection de la victime en interdisant formellement tout contact ou tentative de contact par l’agresseur. La transgression de cet interdit serait lourdement sanctionnée.
Au-delà d’un contact intentionnel, chaque victime craint de croiser son agresseur dans la rue. Elle estime elle aussi avoir le droit de vivre sereinement au moins pendant le temps prévu de l’incarcération. Pour pallier cette éventualité, des mesures d’interdiction de séjour dans le département de résidence de la victime devraient être automatiquement prononcées. Le bracelet électronique serait ici fort utile.
De plus, les victimes sont favorables au projet de pouvoir exprimer des observations qui seraient transmises aux juges décisionnaires. Dans la mesure où les victimes seraient automatiquement averties d’une mesure de libération conditionnelle, elles auraient le choix de s’exprimer à tout moment ou non, sur les conditions de cette libération. Ainsi, leur parole serait entendue et prise en compte si elles signalent une transgression des interdits posés à l’agresseur (interdiction de séjour, interdiction de contact…).
Libération conditionnelle : l’avis des victimes d’inceste
Actualité
Publié le 10.06.2007