Beaucoup de nos membres ont manifesté leur stupeur et leur colère lorsqu'ils et elles ont appris que le nouveau gouvernement ne comportait aucun(e) ministre en charge de la protection des femmes et des enfants, contre les violences intra-familiales notamment.
Le familialisme serait-il de retour ?
Cette idéologie qui suppose à tort que les parents s'occupent toujours bien de leurs enfants est hélas battue en brèche par la réalité. Si les pouvoirs publics ne viennent pas au secours des enfants maltraités et violentés, parfois battus et violés dans leur propre famille, qui le fera ? Si les survivant(e)s de l'inceste souvent rejetés par leur propre famille ne sont pas aidés par l'Etat ?
Bien que publié très tardivement (3 mois avant la fin du quinquennat) le tout premier plan inter-ministériel de lutte contre les violences contre les enfants comportait des mesures prometteuses en termes de prévention de l'inceste et des autres violences, de formation des professionnel(le)s de l'enfance et de prise en charge des victimes. Ce que nous craignons c'est qu'avec la disparition du ministère dédié à la famille, aux droit des femmes ET aux enfants, c'est que ce plan disparaisse au sein d'un énorme ministère de la santé et des solidarités, et qu'il soit la première victime des arbitrages budgétaires ou politiques qui seront faits.
Qui reprendra les dossiers de Laurence Rossignol ?
Voilà ce qu'on pouvait observer de soir en cherchant la page "Publications Enfance" sur le site de l'ex-ministère de la Famille, des Enfants et du Droit des Femmes:
Oui, vous avez bien vu. Une belle page blanche ! Et si l'on recherche la protection de l'enfance sur le site du ministère de la santé, on est renvoyé par un lien sur cette page blanche. Bien sûr le gouvernement vient de prendre ses fonctions et la refonte des sites internet produit quelques effets temporaires qui sont bien compréhensibles. Mais cette disparition symbolique du droit des enfants annonce tout de même assez clairement où sont les priorités de l'équipe en place. Ce dont s'occupait une ministre de plein exercice avec toute une équipe, et une certaine visibilité médiatique, va être confié à un ou deux conseillers du ministère de la Santé, peut-être moins. Le droit des enfants va descendre de deux ou trois niveaux dans l'échelle des priorités, s'il ne passe pas complètement à la trappe.
Ne séparons pas la cause des femmes et celle des enfants
Lutter pour la parité dans les conseils d'administration des entreprises, ou contre la publicité sexiste, c'est bien sûr très louable, mais est-ce vraiment plus important que protéger nos enfants ? Ce n'est pas que le mots "Enfants" qui disparaît de l'intitulé, c'est aussi le mot "Droit". C'est l'ensemble des droits de la personne humaine qui sont ici en cause, à commencer par le premier d'entre eux : le droit de vivre, le droit de grandir en sécurité et d'être protégé contre toutes les formes de violences. Le gouvernement d'Édouard Philippe considère-t-il donc que les violences intra-familiales n'existent pas, ou bien qu'il n'est pas de la responsabilité des pouvoirs publics de s'y intéresser ? Que le seul sujet digne d'intérêt parmi ceux que suivait Mme Laurence Rossignol est l'égalité salariale entre les hommes et les femmes ? Quid des convergences qui sont nombreuses entre les combats des féministes et ceux des associations de protection de l'enfance ? Lorsqu'on lutte contre la culture du viol, peut on vraiment séparer la cause des femmes et celle les enfants ? Et pourquoi ignorer le fait que les hommes aussi peuvent eux aussi être victimes de viol et d'inceste ? Lutter contre le sexisme c'est aussi libérer la parole des survivants hommes comme Face à l'inceste tente de le faire.
Nous ne cessons de le répéter : la science a montré (à travers les études ACE notamment) que les violences commises durant l'enfance, à commencer par les violences sexuelles, ont un impact dévastateur sur la santé tout au long de la vie, et que cette épidémie cachée de violences intra-familiales demande des moyens à la hauteur des enjeux pour les pouvoirs publics. Au même titre que le tabac, la maladie d'Alzheimer ou le SIDA, l'inceste est un problème de santé publique qui devrait mobiliser autant les associations que les pouvoirs publics et la société toute entière. Les 4 millions de victimes d'inceste qui ont tant souffert du silence méritent mieux que le mépris !
Une pétition inter-associations pour un quinquennat qui protège les femmes et les enfants
Face à l'inceste s'associe à l'association SOS Les Mamans et à d'autres associations pour demander la reconduction d'un Ministère des Droits des Femmes ET des Enfants. Et pour proposer 15 mesures concrètes a de mieux les protéger.
Nous vous invitons donc à bous mobiliser en signant cette pétition et en la faisant circuler autour de vous.